Pile ou face ?
En ce temps-là, on envoya à Jésus des pharisiens et des partisans d’Hérode pour lui tendre un piège en le faisant parler (ἀγρεύσωσιν λόγῳ) , et ceux-ci vinrent lui dire : « Maître, nous le savons : tu es toujours vrai ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens, mais tu enseignes le chemin de Dieu selon la vérité. Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? Devons-nous payer, oui ou non ? » Mais lui, sachant leur hypocrisie, leur dit : « Pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? Faites-moi voir une pièce d’argent. » Ils en apportèrent une, et Jésus leur dit : « Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? – De César », répondent-ils. Jésus leur dit : « Ce qui est à César, rendez-le à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » Et ils étaient remplis d’étonnement à son sujet.
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Jésus est devenu un gibier à prendre au piège : c'est le verbe qu'emploie Marc quand, dans le passage parallèle, Matthieu en emploie un autre qui signifie « prendre au filet » (παγιδεύω Mt 22, 15), avec un unique appât dans les deux évangiles : le langage. Ce passage suit immédiatement la parabole dite des « vignerons homicides » qui a mis ses contradicteurs habituels en fureur. Ils se retirent mais décident d'envoyer d'autres opposants, pharisiens et hérodiens. Le langage flatteur de ces nouveaux visages ne trompe pas Jésus. Il saisit d'emblée le piège tendu : s'il répond qu'il faut payer le tribut à César, il sera rangé avec les collaborateurs de l'occupant romain ; s'il répond qu'il ne faut pas payer, il passe dans le camp des rebelles à l'autorité de l'empereur. C'est le jeu de « pile, j'ai raison et face tu as tort ». Jésus n'est pas dupe. Aussi, habile maïeuticien, les laisse-t-il construire eux-mêmes la réponse à la question qu'ils ont posée, en séparant clairement au final les domaines spirituel et temporel.
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