La porte des brebis

 


Berger des Alpes donnant du sel à ses moutons, Rosa Bonheur, 1864, musée Condé de Chantilly

L'évangile du jour : Jean 10, 1-10


En ce temps-là, Jésus déclara : « Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit. Celui qui entre par la porte, c’est le pasteur, le berger des brebis. Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir. Quand il a poussé dehors toutes les siennes, il marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix. Jamais elles ne suivront un étranger, mais elles s’enfuiront loin de lui, car elles ne connaissent pas la voix des étrangers. »
Jésus employa cette image pour s’adresser aux pharisiens, mais eux ne comprirent pas de quoi il leur parlait. C’est pourquoi Jésus reprit la parole : « Amen, amen, je vous le dis : Moi, je suis la porte des brebis (ἐγώ εἰμι ἡ θύρα τῶν προβάτων) . Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des bandits ; mais les brebis ne les ont pas écoutés. Moi, je suis la porte (Ἐγώ εἰμι ἡ θύρα). Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage. Le voleur ne vient que pour voler, égorger, faire périr. Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. »

***

La liturgie propose aujourd'hui le début du chapitre 10 de l'évangile de Jean qui précède celui lu hier. On peut s'interroger sur la logique de ce découpage qui brise la dynamique d'un texte parabolique, où Jésus entreprend de s'auto-révéler, en trois paliers, à travers la symbolique du berger. Jésus suggère d'abord qu'il n'est pas un étranger, sinon nul ne le suivrait. Mais sa pédagogie est trop progressive, trop symbolique pour les Pharisiens qui ne comprennent pas où il veut en venir avec son histoire de voleur, de brebis et de sortie de l'enclos. 

Il faut donc qu'il en passe par le « moi, je suis », ἐγώ εἰμι en grec, si caractéristique de l'évangile de Jean, et fasse accéder ses auditeurs à un deuxième palier : « je suis la porte des brebis », la porte par laquelle il faut passer, pour entrer et sortir, entrer pour échapper au bandit ou au loup, et sortir pour trouver un pâturage. Toute vie est sans doute commandée par ces deux mouvements, aussi nécessaires l'un que l'autre, le repli et l'avancée au large, au-delà de la communauté.

Vient ensuite, le texte qui a été lu hier et qui suit celui d'aujourd'hui, où Jésus se présente pleinement comme le « bon berger », présentation qui parachève cette parabole, forme rare chez Jean, proposée juste après la guérison de l'aveugle-né (Jn 9).


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