Tous à la piscine ! (I)

 


Piscine de Bethzatha, Jérusalem, photo Berthold Werner (Wikipedia)

L’évangile du jour : Jean 5, 1-16

À l’occasion d’une fête juive, Jésus monta à Jérusalem. Or, à Jérusalem, près de la porte des Brebis, il existe une piscine qu’on appelle en hébreu Bethzatha (Bhqzaqa). Elle a cinq colonnades, sous lesquelles étaient couchés une foule de malades, aveugles, boiteux et impotents [qui attendaient le bouillonnement de l’eau, car l’ange du Seigneur de temps en temps, descendait dans la piscine ; l’eau était agitée et le premier qui y entrait après que l’eau avait bouillonné, se trouvait guéri quel que fût son mal]*. Il y avait là un homme qui était malade depuis trente-huit ans. Jésus, le voyant couché là, et apprenant qu’il était dans cet état depuis longtemps, lui dit : « Veux-tu être guéri ? » Le malade lui répondit : « Seigneur, je n’ai personne pour me plonger dans la piscine au moment où l’eau bouillonne ; et pendant que j’y vais, un autre descend avant moi. » Jésus lui dit : « Lève-toi, prends ton grabat, et marche. » (egeire aron ton krabatov sou kai peripatei) Et aussitôt l’homme fut guéri. Il prit son brancard : il marchait ! Or, ce jour-là était un jour de sabbat. Les Juifs dirent donc à cet homme que Jésus avait remis sur pied : « C’est le sabbat ! Il ne t’est pas permis de porter ton brancard. » Il leur répliqua : « Celui qui m’a guéri, c’est lui qui m’a dit : “Prends ton brancard, et marche !” » Ils l’interrogèrent : « Quel est l’homme qui t’a dit : “Prends et marche” ? » Mais celui qui avait été rétabli ne savait pas qui c’était ; en effet, Jésus s’était éloigné, car il y avait foule à cet endroit.

Plus tard, Jésus le retrouve dans le Temple et lui dit : « Te voilà guéri. Ne pèche plus, il pourrait t’arriver quelque chose de pire. » L’homme partit annoncer aux Juifs que c’était Jésus qui l’avait guéri. Et ceux-ci persécutaient Jésus parce qu’il avait fait cela le jour du sabbat.

* Le texte entre crochets correspond aux versets 3b-4 omis dans la version liturgique, car absente des meilleurs manuscrits (mais repris par la Bible de Jérusalem).

***

Dans l’évangile de Jean, du chapitre 5 au chapitre 10, Jésus est campé intervenant au cœur d’une série de fêtes juives, Sabbat, Pâque, Tentes, Dédicace, de préférence à Jérusalem même pour maximiser l’audience de ses interventions qui se nouent en deux temps : un « signe » et un discours. Ce qu’il fait et dit alors vise un aspect particulier de chacune de ces fêtes, au sein desquelles il se pose à chaque fois comme substitut en personne, ce que tous ceux qui l’entendent jugent d’une prétention extravagante et blasphématoire.

La liturgie de cette semaine propose la lecture du chapitre 5 en trois fois, de mardi à jeudi. Jésus vient à la piscine de Bethzatha (ou Bethesda) où une foule d’éclopés attend que l’eau soit « agitée par l’ange du Seigneur ».

À Jérusalem, les ruines de cette piscine ont été identifiées et fouillées. Elles se trouvent à proximité de l’église Saint-Anne, dédicacée à la grand-mère maternelle présumée de Jésus.

Une croyance veut que le premier qui se jette alors dans le bassin soit guéri, quel que soit le mal qui l’afflige. Jésus y croise un grabataire et apprend que celui-ci attend sa guérison depuis trente-huit ans (!) : toujours le détail johannique qui donne à ses récits cet « effet de réel » qui lui est propre. Son interrogation pourrait sembler impertinente : « Veux-tu guérir ? » Pardi, quelle question ! Mais c’est que Jésus ne fait rien sans le désir, la volonté, la foi de son interlocuteur. Aux explications de l’homme malade, il répond exactement par les mêmes mots grecs qu’emploie Marc dans le récit de la guérison du paralytique : « Lève-toi, prends ton grabat, et marche ! » (Mc 2, 9)

Cette guérison un jour de sabbat aux alentours du Temple n’est pas faite pour plaire aux Juifs qui le fréquentent. Ils interpellent d’abord l’homme guéri qui porte son brancard avant d’apprendre de lui qu’il a été guéri par Jésus ce même jour :  deux hommes en faute au regard de la Loi. La suite du texte nous montrera demain quelle leçon le Fils tire de l’œuvre (ergon) du Père qu’il vient d'accomplir.

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