« Va, ton fils est vivant. »

 

Le fonctionnaire royal et Jésus, James Tissot, vers 1884-94, Brooklyn Museum

L’évangile du jour : Jean 4, 43-54

En ce temps-là, après avoir passé deux jours chez les Samaritains, Jésus partit de là pour la Galilée. – Lui-même avait témoigné qu’un prophète n’est pas considéré dans son propre pays. Il arriva donc en Galilée ; les Galiléens lui firent bon accueil, car ils avaient vu tout ce qu’il avait fait à Jérusalem pendant la fête de la Pâque, puisqu’ils étaient allés eux aussi à cette fête. Ainsi donc Jésus revint à Cana de Galilée, où il avait changé l’eau en vin.

Or, il y avait un fonctionnaire royal, dont le fils était malade à Capharnaüm. Ayant appris que Jésus arrivait de Judée en Galilée, il alla le trouver ; il lui demandait de descendre à Capharnaüm pour guérir son fils qui était mourant. Jésus lui dit : « Si vous ne voyez pas de signes et de prodiges, vous ne croirez donc pas ! » Le fonctionnaire royal lui dit : « Seigneur, descends, avant que mon enfant ne meure ! » Jésus lui répond : « Va, ton fils est vivant. » L’homme crut à la parole que Jésus lui avait dite et il partit. Pendant qu’il descendait, ses serviteurs arrivèrent à sa rencontre et lui dirent que son enfant était vivant. Il voulut savoir à quelle heure il s’était trouvé mieux. Ils lui dirent : « C’est hier, à la septième heure (au début de l’après-midi), que la fièvre l’a quitté. » Le père se rendit compte que c’était justement l’heure où Jésus lui avait dit : « Ton fils est vivant. » Alors il crut, lui, ainsi que tous les gens de sa maison.

Tel fut le second signe que Jésus accomplit lorsqu’il revint de Judée en Galilée.

***

Ce passage suit immédiatement la rencontre de Jésus avec la Samaritaine. Jésus est de retour à Cana où il avait accompli son premier signe, celui de l’eau réservée aux rites de purification changée en vin de noces. Il revient dans une région et une ville qui lui sont a priori plus favorables que Nazareth : Jean fait rappeler à Jésus l’échec que celui-ci y a subi comme « enfant du pays ». Et les Galiléens qui étaient aussi à Jérusalem pour la Pâque, se souviennent de sa présence et des signes qu’il y avait accomplis (Jn 2, 23).

Selon l’évangile de Jean, Jésus vit trois Pâques successives, au contraire des évangiles synoptiques pour lesquels il n’y a qu’une unique Pâque juive pour Jésus, celle de la Passion (même si Luc mentionne celle au cours de laquelle Jésus enfant échappe à ses parents et se retrouve au Temple, « au milieu des docteurs de la Loi », en Luc 2, 46).

Et c’est donc à Cana qu’il va accomplir son deuxième signe (il y en a sept au total chez Jean). Cette histoire de guérison du fils (uioV) d’un fonctionnaire royal est sans doute une variante de la guérison du serviteur (paiV) du centurion, rapporté par les synoptiques, le mot grec « pais » pouvant signifier fils ou serviteur. Le fonctionnaire ne réussit pas à entraîner Jésus chez lui, mais il lui fait confiance, comme le centurion, quand Jésus, voyant sa foi, lui affirme : « Va, ton fils est vivant ». On retrouve dans ce récit le souci du détail concret, qui atteste de la véracité des situations et qui caractérise par moments l’évangile de Jean, qu’on nomme souvent « évangile spirituel » mais qui n’a rien d’éthéré : c’était bien la veille « à la septième heure » que Jésus avait guéri l’enfant, à distance.

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