Une foi par jour
Le 19 juillet dernier, 2023 donc, jour de mon 73ème anniversaire, je décidai de livrer quotidiennement à mes « ami·e·s » de ce réseau (Facebook) un commentaire de l'évangile proposé par la liturgie, à la suite du texte lui-même. J'amende parfois la traduction officielle à l'aide de ce qu'on appelle une « synopse », c'est à dire un recueil des quatre évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean présentés en colonnes parallèles et traduits de leur langue grecque d'origine d'une façon plus littérale. Ces synopses - j'en ai une grecque et une française - ont été élaborées par des exégètes et les textes y sont accompagnés d'un important appareil critique, notamment des références au corpus des écrits canoniques (retenus par l'Église catholique) ou non canoniques, aux variantes proposées par les différents manuscrits conservés par diverses bibliothèques de par le monde. Les trois évangiles de Matthieu, Marc et Luc se prêtent particulièrement bien à cette lecture parallèle, s'étant inspirés les uns les autres - c'est vite dit pour parler du long processus de constitution des évangiles ! - et cette mise en parallèle permet aussi de faire ressortir leurs différences et la spécificité de chacun, sa voix propre.
A partir de ma situation existentielle, contingente, j'appuie
mon commentaire sur une solide bibliothèque que je n'aurai jamais fini de lire et de
relire, mais singulièrement sur la somme produite par l'exégète américain
Raymond Edward Brown, dont une traduction a paru chez Bayard sous le titre Que
sait-on du Nouveau Testament ?
J'ai
d'abord présenté le texte de l'évangile et le commentaire que j'en faisais
directement sur Facebook. Puis craignant à la fois un prosélytisme trop affiché
et redoutant que la trace de ces textes d'évangile ne s'efface trop rapidement,
j'ai ouvert un blog baptisé Une foi par jour, qui est devenu mon silo.
J'écris
en général mon commentaire le matin, me levant en général vers 6 h, et ce
moment me sert de lectio divina. Mes autres activités, mes déplacements
perturbent parfois ce rythme, que j'espère néanmoins garder tant que mes
facultés physiques et psychiques se maintiendront.
Je
sais désormais être une bougie qui va diminuer et s'éteindre d'elle-même, par
épuisement ou sur un coup de vent. Mais sa flamme est une des choses qui me donne irréductiblement l'idée et le goût de
l'éternité.
Ainsi aujourd'hui, 28 janvier 2024, en ce 4ème dimanche du temps ordinaire, voici comment les choses se présentent. La liturgie catholique, selon l'année, A, B ou C, lit en continu un des évangiles synoptiques, l'évangile de Jean étant réservé à des temps de fêtes qu'on distingue du "temps ordinaire". Nous sommes en année B et lisons l'évangile de Marc depuis le 1er dimanche de l'Avent qui inaugure l'année liturgique (cette "année", le 3 décembre 2023).
Il
arrive parfois que l'évangile du dimanche ait été déjà lu et commenté en
semaine. C'est le cas aujourd'hui, puisque le passage de l'évangile de Marc a
été lu le 9 janvier et je l'avais présenté dans mon blog.
Que pourrais-je ajouter ? Matthieu rapporte à la fin de son évangile - écrit peut-être après la destruction du Temple de Jérusalem en 70 par les légions de Titus, événement qui a teinté l’époque des couleurs d’une fin de monde - que Jésus a prophétisé son retour prochain dans la figure de son double eschatologique, le Fils de l’homme. Cet avènement annoncé (Mt 24, 27) nous l’attendons toujours et cette attente est soutenue par le cycle liturgique annuel qui nous fait revenir sans cesse aux mêmes textes et aux mêmes promesses, comme la vague revient à chaque marée sur les mêmes récifs. Cette solidité du roc évangélique, Jésus l’a affirmée : « le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront point » (Mt 24, 35). La seule condition pour qu’un texte fasse parole est qu’il soit dit, lu à voix haute et qu’il soit entendu par des oreilles faites pour entendre avant même que les yeux et l'esprit soient instruits à lire. C’est cette condition que remplit la liturgie, au fil des jours, c’est ce fil d’Ariane que suit ce blog désormais. D'autres mains que les miennes se saisiront de ce fil après moi. Il y a là un infini que rien ne semble devoir jamais totaliser. Cette infinitude qui est autant celle de la parole que de l'écrit qui recueille cette dernière, la transforme, la conserve et la transmet, Jean la proclame dans l'ultime verset de son évangile (Jean 21, 25) : « Il y a encore beaucoup d'autres choses que fit Jésus que, si on les écrivait en détail, je ne pense pas que même le monde contiendrait les livres qu'on en écrirait »*
* traduction synopse Benoît-Boismard (éditions du Cerf, MCMLXV)
Merci! J'aime particulièrement la surabondance des "aussitôt" dans ce premier chapitre de Marc ; tout se fait saisi par une urgence après 30 années d'attente…
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