« Qui est mon prochain ? »
Le bon Samaritain, Rembrandt, Wallace Collection, Londres
En ce temps-là, voici qu’un docteur de la Loi se leva et mit Jésus à l’épreuve en disant : « Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Jésus lui demanda : « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Et comment lis-tu ? » L’autre répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. » Jésus lui dit : « Tu as répondu correctement. Fais ainsi et tu vivras. »
Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus : « Et qui est mon prochain ? » Jésus reprit la parole : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits ; ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à moitié mort. Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ; il le vit et passa de l’autre côté. De même un lévite arriva à cet endroit ; il le vit et passa de l’autre côté. Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de compassion. Il s’approcha, et pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin ; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui. Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, et les donna à l’aubergiste, en lui disant : “Prends soin de lui ; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai.” Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? » Le docteur de la Loi répondit : « Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. » Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même. »
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Les règles de pureté associées au service du Temple interdisent à un prêtre ou à un lévite de toucher un inconnu ensanglanté, avant d'exercer son ministère ou juste après. Ces règles d'exclusion ne concernent pas les Samaritains et c'est donc un Samaritain que Jésus va donner en exemple alors même, comme le précise l'évangile de Jean en incise dans le récit de la rencontre de Jésus avec "la Samaritaine", que "les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains" (Jn 4, 9). La pointe de cet évangile du "bon Samaritain" réside sans doute dans la façon dont Jésus reformule la question initiale du docteur de la Loi, la renversant en quelque sorte. Non pas "qui est mon prochain ?" mais "qui a été le prochain de l'homme tombé aux mains des bandits ?". Jésus décentre la question, supprime le "mon" possessif. Ce n'est pas moi qui désigne celui qui est mon prochain, c'est l'autre qui m'élit, me choisit en tant que je deviens son prochain. Je ne choisis pas mon pauvre, c'est lui qui m'assigne.
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