Drôle de pêche !

par Augustin Tünger, 1486

L'évangile du jour (Matthieu 17, 22-27) :

En ce temps-là, comme Jésus et les disciples étaient réunis en Galilée, il leur dit : « Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, le troisième jour, il ressuscitera. » Et ils furent profondément attristés.

Comme ils arrivaient à Capharnaüm, ceux qui perçoivent la redevance des deux drachmes pour le Temple vinrent trouver Pierre et lui dirent : « Votre maître paye bien les deux drachmes, n’est-ce pas ? » Il répondit : « Oui. »

Quand Pierre entra dans la maison, Jésus prit la parole le premier : « Simon, quel est ton avis ? Les rois de la terre, de qui perçoivent-ils les taxes ou l’impôt ? De leurs fils, ou des autres personnes ? » Pierre lui répondit : « Des autres. » Et Jésus reprit : « Donc, les fils sont libres. Mais, pour ne pas scandaliser les gens, va donc jusqu’à la mer, jette l’hameçon, et saisis le premier poisson qui mordra ; ouvre-lui la bouche, et tu y trouveras une pièce de quatre drachmes. Prends-la, tu la donneras pour moi et pour toi. »

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L'évangéliste souligne que cette deuxième annonce de sa Passion par Jésus, dans cette figure mystérieuse et récurrente du « Fils de l'homme », ce double du rabbi, « attriste » les disciples. L'épisode est centré sur le paiement d'un impôt au profit du Temple. Pierre apparaît dans cette scène comme l'interface obligée entre Jésus et les autorités. Le passage souligne peut-être que sous l'autorité de Pierre, la première communauté chrétienne était résolue à éviter toute source de tension voire de scandale avec les Juifs comme avec les Romains, les disciples de la Voie se comportant en paisibles citoyens, s'acquittant comme les autres de l'impôt, « rendant à César » ce qui lui revient. Le mode opératoire folklorique dicté par Jésus à Pierre pour trouver la somme à régler n'est toutefois pas dénué d'une certaine ironie, qui met à distance cette obligation qui, selon Jésus, ne devrait pas concerner « les fils », ceux du peuple élu.