Qui est le premier et le plus grand ?
L'évangile du jour : Matthieu 20, 20-28
***
Voulait-il ménager la susceptibilité de Jacques et Jean ? Toujours est-il que c'est par leur mère que l'évangéliste fait porter leur demande : siéger l'un et l'autre aux côtés du Maître, dans son Royaume. Il y a eu sans doute au départ un malentendu sur ce mot, « royaume », qu'on l'écrive avec ou sans majuscule. Dans la Palestine occupée par le colonisateur romain, beaucoup aspiraient à la libération et beaucoup ont dû entendre dans ce mot, qui brillait de tous ses feux, le dessein d'une souveraineté reconquise. Face à la question de la mère, Jésus cingle les trois, mère et fils, avec leur propre ignorance : « vous ne savez pas ce que vous demandez ». Oui, ils ignorent tout, et du Royaume et de la coupe qu'il faut boire pour y accéder. Quant aux sièges qui nous y attendent, le Fils avoue lui aussi son ignorance, qui n'est sans doute pas feinte : le Père ne lui en a rien dit.
Évidemment, les autres disciples ne manquent pas de s'indigner vertueusement devant le comportement des fils de Zébédée et de leur mère. Occasion pour Jésus de leur délivrer une autre leçon, à l'usage de ce monde-ci, dont les disciples ne doivent pas emprunter les us et coutumes, et notamment pas les travers du pouvoir tel qu'il s'y joue. Il balaie d'un revers de la main deux notions si prégnantes dans notre société : le « premier », le « plus grand » allouant par avance ces places-là à celui ou celle qui se sera fait esclave ou bien serviteur, non par calcul, mais à l'exemple du Fils.
Commentaires
Enregistrer un commentaire