La gifle
L'évangile du jour : Matthieu 5, 38-42
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent. Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. Et si quelqu’un veut te poursuivre en justice et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. À qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos ! »
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Pour entrer dans le royaume de Dieu, il faut en passer par une justice nouvelle, supérieure à l'ancienne, celle des scribes et des Pharisiens. 28 versets s'enchaînent (5, 20-48), selon un même balancement rhétorique : « vous avez appris... moi je vous dis ». Juste après avoir affirmé qu'il n'était pas venu « abolir la Loi mais l'accomplir » (5, 17), Jésus développe le programme de cet accomplissement, qui entend déraciner le Mal à la racine. Il propose à cet effet une série de gestes extravagants ou plus exactement désarmants, « disruptifs » dirait-on aujourd'hui. Car c'est bien un désarmement généralisé que propose Jésus. « Insurrection de la bonté », dira l'abbé Pierre à l'hiver 54. Trop bon, trop con ? Non. « Dans ce monde, écrit Marivaux, il faut être un peu trop bon pour l'être assez ». Bien sûr, de la maxime à la pratique, il y aura toujours un écart, comme de la coupe aux lèvres, et des vilains sentiments à la clé, celui de « se faire avoir » ou d'être « exploité ». Pourtant ce proverbe indien se vérifie tous les jours : « tout ce qui n'est pas donné est perdu ».
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