De l'autorité

 

Baptême du Christ, Francisco de Goya, 1780 

L'évangile du jour : Marc 11, 27-33

En ce temps-là, Jésus et ses disciples revinrent à Jérusalem. Et comme Jésus allait et venait dans le Temple, les grands prêtres, les scribes et les anciens vinrent le trouver. Ils lui demandaient : « Par quelle autorité (ἐξουσίᾳ)  fais-tu cela ? Ou alors qui t’a donné cette autorité pour le faire ? » Jésus leur dit : « Je vais vous poser une seule question. Répondez-moi, et je vous dirai par quelle autorité je fais cela : le baptême de Jean venait-il du ciel ou des hommes ? Répondez-moi. » Ils se faisaient entre eux ce raisonnement : « Si nous disons : “Du ciel”, il va dire : “Pourquoi donc n’avez-vous pas cru à sa parole ?” Mais allons-nous dire : “Des hommes” ? » Ils avaient peur de la foule, car tout le monde estimait que Jean était réellement un prophète. Ils répondent donc à Jésus : « Nous ne savons pas ! » Alors Jésus leur dit : « Moi, je ne vous dis pas non plus par quelle autorité je fais cela. »

***

Admirable retournement de situation, par la seule force de la rhétorique. À Jérusalem, autour du Temple, les foules continuent à suivre Jésus et à boire ses paroles. Cette popularité exaspère « l'establishment » religieux qui cherche à prendre Jésus en flagrant délit de blasphème. Jésus est pris entre le peuple qui l'adule et les religieux qui voudraient le faire tomber. 

L'interrogation sur la provenance de son autorité va lui permettre d'inverser les positions en s'appuyant sur son précurseur et « quasi-jumeau », le Baptiste. En déplaçant sur celui-ci la question qui lui a été posée, il se met temporairement hors jeu et se pose en quelque sorte en arbitre d'une autre controverse. Ce sont ses détracteurs qui se retrouvent à leur tour coincés entre la foule, dont ils ont peur, et lui, Jésus, en position idéale pour se faire juge et témoin public de leurs contradictions. Chaque partie renonce alors à l'emporter sur l'autre. Match nul.

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