« Où vas-tu ? »

 


Prunier

L'évangile du jour : Jean 16, 5-11

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Je m’en vais maintenant auprès de Celui qui m’a envoyé, et aucun de vous ne me demande : « Où vas-tu ? » Mais, parce que je vous dis cela, la tristesse remplit votre cœur. Pourtant, je vous dis la vérité : il vaut mieux pour vous que je m’en aille, car, si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai. Quand il viendra, il établira la culpabilité du monde en matière de péché, de justice et de jugement. En matière de péché (ἁμαρτίας), puisqu’on ne croit pas en moi. En matière de justice (δικαιοσύνης), puisque je m’en vais auprès du Père, et que vous ne me verrez plus. En matière de jugement (κρίσεως), puisque déjà le prince de ce monde est jugé. »

***

Du fait d'un certain nombre de doublons ou de différences les exégètes ont considéré que les chapitres 15 et 16 étaient d'un autre rédacteur, insérés entre 14,31 (« Levez-vous, partons d'ici ! ») et 18,1 (« Ayant dit cela, Jésus s'en alla avec ses disciples de l'autre côté du torrent du Cédron »). Ainsi, Jésus s'étonne ici qu'aucun disciple ne lui demande « où vas-tu ? » alors qu'en 14, 5 Thomas lui a déjà demandé « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas ». Cette hypothèse d'une insertion par un autre rédacteur est aussi corroborée par le fait que, dans ce passage, Jésus déclare qu'il enverra le Paraclet à ses disciples alors qu'en 14,16, c'est le Père qui envoie le Paraclet. 

Cet envoi du Paraclet est conditionné au « départ » du Fils, raison pour laquelle Résurrection, Ascension et Pentecôte font système ensemble, pour les besoins d'un récit décomposant en trois étapes, comme un prisme la lumière, un unique événement : le Salut de la Création.

Le rôle opérationnel du Paraclet, traduit ici par le mot « défenseur », est décrit selon un schéma triadique  - péché, justice, jugement – relativement fréquent chez Jean. C'est un peu comme si Jésus passait la main au Paraclet pour juger le monde qui ne l'a pas reçu et accomplir, du Ciel, par cet intermédiaire, ce qu'il n'a pas réussi à réaliser sur Terre. Le Paraclet est ainsi chargé d'emporter la foi en la personne du Christ dans un monde qui l'a rejeté, d'être le garant d'une justice que le Jésus public, qui va s'absenter, ne pourra plus exercer, de confirmer dans le cœur de chacun, pour soutenir son combat spirituel, la victoire définitive sur Satan, « le prince de ce monde ». Le Paraclet, « invention » de Jean, est décrit ici comme le vicaire du Christ, défenseur placé par le Fils à nos côtés.



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