L'inconnu du point du jour

 

Apparition au bord du lac de Tibériade, Duccio di Buoninsegna, 1260, Cathédrale de Santa Marie Assunta, Sienne

L'évangile du jour : Jean 21, 1-14

En ce temps-là, Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade, et voici comment. Il y avait là, ensemble, Simon-Pierre, avec Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), Nathanaël, de Cana de Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples. Simon-Pierre leur dit : « Je m’en vais à la pêche. » Ils lui répondent : « Nous aussi, nous allons avec toi. » Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, cette nuit-là, ils ne prirent rien.

Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était lui. Jésus leur dit : « Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? » Ils lui répondirent : « Non. » Il leur dit : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le tirer, tellement il y avait de poissons. Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! » Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur, il mit son vêtement, car il était nu (gumnoV), et il se jeta dans la mer. Les autres disciples arrivèrent en barque, traînant le filet plein de poissons ; la terre n’était qu’à une centaine de mètres.

Une fois descendus à terre, ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain. Jésus leur dit : « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. » Simon-Pierre remonta et tira jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré. Jésus leur dit alors : « Venez manger. » Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? » Ils savaient que c’était le Seigneur. Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson.
C’était la troisième fois que Jésus se manifesta à ses disciples, éveillé (egerqeiV) d’entre les morts.

***

Ce récit, une scène de retrouvailles au bord du lac de Tibériade, est un appendice, une addition manifeste à l'évangile de Jean puisqu'il suit une première conclusion (Jn 20, 30-31) qui sera reprise juste après (Jn 21, 24-25). Tout s'y passe comme si les disciples ne savaient encore rien de la résurrection.

Un homme attend sur le rivage, au lever du jour. Des pêcheurs – ils sont sept disciples dans la barque, défaits par la mort de Jésus, entraînés par un Pierre lesté de ses reniements - qui ont jeté leurs filets en vain toute la nuit. Ils l'ont sans doute aperçu mais ne le reconnaissent pas. Cet inconnu leur demande quelque chose à manger. Ils n'ont rien à lui donner. Mais sur son conseil, bref et précis, ils jettent encore une fois leur filet et cette fois ça marche ! Le « disciple que Jésus aimait » reconnaît Jésus à ce signe et le dit à Pierre, qui se rhabille pour... se jeter à l'eau !

Quand ils arrivent, celui qui n'avait rien - ou est-ce Pierre surgi de l'eau en avance sur ses compagnons ? - a déjà tout préparé : le feu de braise, le pain, le poisson qui cuit déjà...

Quelqu'un a-t-il vraiment compté les poissons de cette pêche miraculeuse ? Les exégètes se sont évidemment acharnés à trouver une explication symbolique au nombre 153 mentionné par Jean, scrutant ses multiples propriétés mathématiques.

La liturgie a coupé le texte de sorte que la scène reste en suspens ; les disciples savent que l'inconnu n'est autre que Jésus mais n'osent le nommer. Épuisés par leur nuit de labeur, stupéfiés de revoir leur rabbi en vie, ils mangent en silence avec celui qui leur partage une nouvelle fois le pain et le poisson. Comme avant, comme si rien ne s'était passé...

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