Le pain de vie (IV)
L'évangile du jour : Jean 6, 52-59
En ce temps-là, les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »
Voilà ce que Jésus a dit alors qu’il enseignait à la synagogue de Capharnaüm.
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C'est avec le texte d'aujourd'hui que le discours sur « le pain de vie » atteint son sommet, qui est aussi celui de la vie chrétienne.
Surgit la formule eucharistique johannique spécifique. Là où les trois synoptiques, Matthieu, Marc et Luc, rapportent à l'identique les paroles de la Cène : « ceci est mon corps (σῶμά)/ceci est mon sang », Jean martèle autrement la double image de la chair - σὰρξ et non σῶμά - et du sang, à cinq reprises, pour affirmer qu'ils sont ensemble : condition d'accès à la vie éternelle, promesse de résurrection, affirmation de la vérité de la chair et du sang du Fils, fondation en nous d'une demeure du Christ incarné, union du Père et du Fils. « Celui qui me mange... »
Le « pain de vie » incorpore la chair du Christ qui s'est panifié pour nous laisser mordre sa vie à pleines dents. Cet enseignement est donné à la synagogue de Capharnaüm. On peut imaginer simultanément la stupéfaction incrédule des auditeurs de Jésus, que rapporte l'évangéliste - « comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ?! » - et le frisson recueilli des premiers adeptes de la Voie devant pareilles paroles performatives, quand elles étaient prononcées vers la fin du Ier siècle pendant les premières eucharisties.
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