« La lumière est venue dans le monde »

Christ Pantocrator, coupole du baptistère Saint-Jean, Florence



L’évangile du jour : Jean 3, 16-21

« Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »

***

Démarré comme un entretien personnel entre Jésus et Nicodème, ce notable juif venu le trouver nuitamment, le chapitre 3 de l’évangile de Jean s’élargit en un discours qui expose la théologie johannique dans toute son ampleur, théologie qui est pour l’essentiel une christologie, centrée sur le « fils unique » de Dieu, le « monogenes » (μονογενος) , l’unique engendré campé dès le prologue de l’évangile.

La première bonne nouvelle, c’est que Dieu aime le monde. Le créateur ne regrette pas sa création. Et il a voulu que cet amour soit manifesté par son propre fils, qu’il a envoyé dans le monde, pour que - deuxième bonne nouvelle - le monde soit non pas jugé mais sauvé par lui. Dans la théologie johannique, Dieu n’est pas juge ni n’orchestre le jugement, qu’il a remis entièrement au fils. Et celui qui croit au nom du fils unique de Dieu échappe à ce jugement.

Le fils est venu comme la lumière qui éclaire le monde, mais ceux qui avaient besoin des ténèbres pour dissimuler leurs œuvres mauvaises afin qu’elles ne soient point dénoncées l’ont rejeté. C’est la lumière du fils qui suffit à opérer le jugement sans même qu’il y ait à prononcer celui-ci, lumière polarisante en quelque sorte.

Jean n’oppose pas le bien et le mal, mais les œuvres mauvaises, cachées sous les ténèbres, à la vérité, ἀλήθεια, vérité-dévoilement par la lumière de ce qui est caché et qui est nécessairement bon dans la mesure où il se livre librement à la lumière et ne cherche pas à s'y soustraire. 

Il y a aussi cette expression intrigante au verset 21 : « celui qui fait la vérité » (Ὁ δὲ ποιῶν τὴν ἀλήθειαν), là où l’on attendrait « celui qui fait le bien ». Ce qui doit venir à la lumière, ce n’est pas le bien, les œuvres bonnes en un sens moral, c’est par-dessus tout la vérité. Cette vérité qui laissera Pilate sceptique devant Jésus : « qu’est-ce que la vérité ? » car il ne peut admettre qu’elle fasse corps avec l’homme qui est devant lui, jusqu’au moment où il se résoudra à la présenter en personne au monde, qu’elle va juger : « ecce homo ».

C’est aussi que la vérité et l’amour ne font qu’un chez Jean et sont Dieu même en son fils, tel que celui-ci s'autoproclame : « moi, je suis le chemin, la vie et la vérité ». 

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