Jésus et Nicodème

 

Jésus et Nicodème, Crijn Hendricksz Volmarijn (première moitié du xviie siècle)

L’évangile du jour : Jean 3, 7b-15

En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « Il vous faut naître d’en haut. Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. » Nicodème reprit : « Comment cela peut-il se faire ? » Jésus lui répondit : « Tu es un maître qui enseigne Israël et tu ne connais pas ces choses-là ? Amen, amen, je te le dis : nous parlons de ce que nous savons, nous témoignons de ce que nous avons vu, et vous ne recevez pas notre témoignage. Si vous ne croyez pas lorsque je vous parle des choses de la terre, comment croirez-vous quand je vous parlerai des choses du ciel ? Car nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme. De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. »

***

Nicodème est venu voir Jésus « de nuit », par crainte de ses coreligionnaires et du qu’en dira-t-on. Il ne fait déjà pas bon de fréquenter ce petit prophète juif qui draine les foules en Galilée et en Judée, guérissant les malades et annonçant la venue du « royaume de Dieu ». Nicodème, c’est, précise l’évangéliste, un Pharisien, un notable. Il s’est introduit auprès de Jésus en le louant sincèrement : « Rabbi, nous le savons, c’est de la part de Dieu que tu es venu comme un maître qui enseigne, car personne ne peut accomplir les signes que toi, tu accomplis, si Dieu n’est pas avec lui. ». Dans l’évangile de Jean, le premier « signe » accompli a été l’eau changée en vin lors de noces auxquelles Jésus était invité avec sa mère à Cana. A Jésus qui lui proposait de « naître d’en haut », Nicodème a demandé si un homme pouvait revenir dans le sein de sa mère pour naître à nouveau, selon un malentendu fréquent dans les dialogues que Jean met en scène entre Jésus et ses interlocuteurs. Leur proposant une formule imagée, figurée, ceux-ci la reçoivent au sens propre, littéral, comme pour en faire constater le caractère impossible.

Jésus tente alors une nouvelle comparaison entre la naissance d’en haut, du souffle de l’Esprit, et le vent, à l’origine et à la direction incertaines. Nicodème a l’esprit pratique et n’a que faire des métaphores ou des paraboles. Il voudrait que Jésus lui dise le « comment » de ce qu’il annonce. Là, un glissement s’opère. Le « nous » qui répond à Nicodème, n’est plus le « je » de Jésus. C’est celui des disciples, des premiers chrétiens confrontés au scepticisme voire à l’hostilité du judaïsme rabbinique naissant, après 70, après l’abomination de la désolation et la destruction du Temple de Jérusalem. Jésus, élevé de terre c’est-à-dire crucifié, est le nouveau serpent de bronze que brandissait Moïse dans le désert devant les Hébreux attaqués par des serpents à la morsure mortelle. C’est le Fils de l’homme désormais qui offre la vie éternelle à tout croyant.

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