« Vous êtes des dieux »
L’évangile du jour : Jean 10, 31-42
Les Juifs apportèrent des pierres pour le lapider. Jésus
leur dit alors : « J’ai multiplié sous vos yeux les œuvres bonnes qui viennent
du Père. Pour laquelle de ces œuvres voulez-vous me lapider ? » Ils lui
répondirent : « Ce n’est pas pour une œuvre bonne que nous voulons te lapider,
mais c’est pour un blasphème : tu n’es qu’un homme, et tu te fais Dieu. » Jésus
leur répliqua : « N’est-il pas écrit dans votre Loi : J’ai dit : Vous êtes des
dieux ? Elle les appelle donc des dieux, ceux à qui la parole de Dieu
s’adressait, et l’Écriture ne peut pas être abolie. Or, celui que le Père a
consacré et envoyé dans le monde, vous lui dites : “Tu blasphèmes”, parce que
j’ai dit : “Je suis le Fils de Dieu”. Si je ne fais pas les œuvres de mon Père,
continuez à ne pas me croire. Mais si je les fais, même si vous ne me croyez
pas, croyez les œuvres. Ainsi vous reconnaîtrez, et de plus en plus, que le
Père est en moi, et moi dans le Père. » Eux cherchaient de nouveau à l’arrêter,
mais il échappa à leurs mains.
Il repartit de
l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où, au début, Jean baptisait ; et il y
demeura. Beaucoup vinrent à lui en déclarant : « Jean n’a pas accompli de signe
; mais tout ce que Jean a dit de celui-ci était vrai. » Et là, beaucoup crurent
en lui.
***
Jésus est à nouveau à Jérusalem pour la fête de la
Dédicace. « C’était l’hiver »
précise l’évangéliste. Jésus déambule dans le Temple, sous le portique de
Salomon, des Juifs font cercle autour de lui, le pressant de se dévoiler :
« Si tu es le Christ, dis-le nous clairement » (Jn 10, 24), comme
s’il ne l’avait pas déjà fait. Le nouveau discours qu’il leur tient se termine
par l’affirmation : « Moi et le
Père sommes un », insupportable pour ceux qui l’écoutent. Une fois de
plus, ce qui est mis en balance par l’évangéliste, ce sont les œuvres de Jésus
qui viennent du Père et parlent pour lui, et le blasphème dont il est accusé :
« tu n’es qu’un homme et tu te fais Dieu ».
Jésus manifeste là encore son habileté rhétorique en utilisant une argumentation rabbinique, a fortiori, qui s’appuie sur la lettre des Écritures. Si la Loi appelle « des dieux » ceux à qui est adressée la parole de Dieu, est-ce que celui qui été envoyé par lui n’aurait pas droit au titre de « fils de Dieu » comme sa Parole oeuvrante l’atteste ?
C’est pourtant peine perdue : en concluant sur son intimité croisée avec le Père, « le Père est en moi et moi dans le Père », Jésus déchaîne une nouvelle fois contre lui la colère de ceux qui l’écoutaient et il leur échappe de justesse.
Commentaires
Enregistrer un commentaire