L'envoyé du Père (III)

 
Piscine de Bethzatha, Jérusalem, photo Berthold Werner (Wikipedia)


L’évangile du jour : Jean 5, 31-47

… « Si c’est moi qui me rends témoignage, mon témoignage n’est pas vrai ; c’est un autre qui me rend témoignage, et je sais que le témoignage qu’il me rend est vrai. Vous avez envoyé une délégation auprès de Jean le Baptiste, et il a rendu témoignage à la vérité. Moi, ce n’est pas d’un homme que je reçois le témoignage, mais je parle ainsi pour que vous soyez sauvés. Jean était la lampe qui brûle et qui brille, et vous avez voulu vous réjouir un moment à sa lumière. Mais j’ai pour moi un témoignage plus grand que celui de Jean : ce sont les œuvres que le Père m’a donné d’accomplir ; les œuvres mêmes que je fais témoignent que le Père m’a envoyé. Et le Père qui m’a envoyé, lui, m’a rendu témoignage. Vous n’avez jamais entendu sa voix, vous n’avez jamais vu sa face, et vous ne laissez pas sa parole demeurer en vous, puisque vous ne croyez pas en celui que le Père a envoyé. Vous scrutez les Écritures parce que vous pensez y trouver la vie éternelle ; or, ce sont les Écritures qui me rendent témoignage, et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ! La gloire (Doxan), je ne la reçois pas des hommes ; d’ailleurs je vous connais : vous n’avez pas en vous l’amour de Dieu. Moi, je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; qu’un autre vienne en son propre nom, celui-là, vous le recevrez ! Comment pourriez-vous croire, vous qui recevez votre gloire les uns des autres, et qui ne cherchez pas la gloire qui vient du Dieu unique ? Ne pensez pas que c’est moi qui vous accuserai devant le Père. Votre accusateur, c’est Moïse, en qui vous avez mis votre espérance. Si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, car c’est à mon sujet qu’il a écrit. Mais si vous ne croyez pas ses écrits, comment croirez-vous mes paroles ? »

***

Cette fin du chapitre 5 de l’évangile de Jean clôt le discours sur les « œuvres » du Fils qui témoignent qu’il est bien « l’envoyé du Père ». Jean le Baptiste a apporté un premier témoignage, celui d’un homme, mais désormais ce sont les œuvres même du fils, à l’exemple de la guérison du grabataire de la piscine de Bethzatha, qui attestent de sa qualité d’envoyé du Père.

Peut-on trouver la vie éternelle en scrutant les Écritures, ce que fait présentement l’auteur de ces lignes ? Oui, si l’on accepte leur témoignage et de venir à Celui dont elles témoignent et qui donne la vie en donnant la sienne. « Revenez à Lui, Il vous rendra la vie », proclame une antienne monastique.

Mais ceux qui au temps de Jésus mettaient en Moïse leur espérance auraient dû croire que c’est de Jésus que Moïse a parlé par la Torah dont il est l’auteur : « Yahvé ton Dieu suscitera pour toi, du milieu de toi, parmi tes frères, un prophète comme moi que vous écouterez. » (Deutéronome 18, 15) et en conséquence, écouter les paroles de celui dont il est écrit.

Brown commente tout ce chapitre 5 en faisant l’hypothèse que s’y superposent des souvenirs d’hostilité à Jésus durant son ministère et des expériences postérieures de ses disciples, accusés de « dithéisme » par les autorités religieuses du judaïsme naissant, parce qu’en faisant de Jésus un Dieu, les adeptes de la Voie violaient le principe fondamental d’Israël : le Seigneur notre Dieu est un. L’incarnation n’était pas recevable : « il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas reçu » (Jn 1, 11).

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