Soixante-dix-sept fois

 
Le serviteur impitoyable, vitrail de l'église des Écossais de Melbourne (source : Wikipedia)

L’évangile du jour : Matthieu 18, 21-35

En ce temps-là, Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix-sept fois. Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent). Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette. Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.” Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette.

Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : “Rembourse ta dette !” Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai.” Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait. Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé. Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : “Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?” Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait.

C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. »

***

Cette parabole illustre parfaitement la cinquième demande du Pater noster : « Remets-nous nos dettes comme nous-mêmes avons remis à nos débiteurs » (Mt 6, 12), dettes et remises de dettes qui ont été traduites en « offenses » et « pardon des offenses » dans la traduction liturgique française du Notre Père.

En répondant à la demande comptable de Pierre, un peu légaliste mais déjà généreuse, par un chiffre qui équivaut à l’infini, emprunté à Gn 4, 24, Jésus lui demande d’imiter le pardon sans limites de son Père. Pour les contemporains de l’Église naissante, il convoque le jugement de Celui-ci sur celles et ceux qui, par leur refus de pardonner, auraient détourné de l'Église les croyants venus y chercher le pardon de son Père.

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