La lumière fait la vérité

 

Christ de Dali

 L'évangile d’aujourd’hui, 4e dimanche de Carême : Jean 3, 14-21

En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité (o de poiwn thn alhqeian) vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »

***

Le serpent de bronze que Moïse avait dressé dans le désert avait servi à guérir les Israélites mordus par des serpents venimeux : il leur suffisait de le regarder pour être immunisés (Nombres 21, 8-9). C’est à ce serpent guérisseur que Jean compare le Fils de l’homme bientôt « élevé », c’est-à-dire dressé sur une croix d’où il aura pouvoir de sauver quiconque tournera vers Lui son regard. Y a-t-il dans cette comparaison l’écho d’une théologie de la croix rédemptrice déjà élaborée au sein de la « communauté du disciple bien-aimé » (dont on doit la reconstitution à Raymond E. Brown) ? En tout cas, Jean remet ce propos dans la bouche de Jésus : « et moi quand j’aurai été élevé de terre, je les attirerai tous à moi » (Jean 12, 32).

Jean affirme ici pour le première fois sa théologie salvifique de l’incarnation : le Fils de Dieu est venu en ce monde apporter la vie même de Dieu, la vie éternelle donnée à quiconque croit en Lui et échappe ainsi au Jugement, de même d’ailleurs que celui qui ne croit pas, déjà jugé de ce fait même. Il y a chez Jean ce que des théologiens ont identifié comme une « eschatologie réalisée », et non à venir.

La lumière venue dans le monde, thème johannique par excellence, est révélatrice : elle a le double rôle de dénoncer les œuvres du mal et d’éclairer les œuvres de celui qui fait la vérité « accomplies en union avec Dieu ». Au Mal, Jean n’oppose par le Bien mais la Vérité.

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