La lumière fait la vérité
En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « De même que
le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le
Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie
éternelle. Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique,
afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie
éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le
monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe
au Jugement, celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au
nom du Fils unique de Dieu. Et le Jugement, le voici : la lumière est venue
dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que
leurs œuvres étaient mauvaises. Celui qui fait le mal déteste la lumière : il
ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais
celui qui fait la vérité (o de poiwn
thn alhqeian) vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses
œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »
***
Le serpent de
bronze que Moïse avait dressé dans le désert avait servi à guérir les
Israélites mordus par des serpents venimeux : il leur suffisait de le regarder
pour être immunisés (Nombres 21, 8-9). C’est à ce serpent guérisseur que Jean
compare le Fils de l’homme bientôt « élevé », c’est-à-dire dressé sur une croix
d’où il aura pouvoir de sauver quiconque tournera vers Lui son regard. Y a-t-il
dans cette comparaison l’écho d’une théologie de la croix rédemptrice déjà
élaborée au sein de la « communauté du disciple bien-aimé » (dont on doit la
reconstitution à Raymond E. Brown) ?
Jean affirme ici pour le première fois sa théologie salvifique de l’incarnation : le Fils de Dieu est venu en ce monde apporter la vie même de Dieu, la vie éternelle donnée à quiconque croit en Lui et échappe ainsi au Jugement, de même d’ailleurs que celui qui ne croit pas, déjà jugé de ce fait même. Il y a chez Jean ce que des théologiens ont identifié comme une « eschatologie réalisée », et non à venir.
La lumière venue
dans le monde, thème johannique par excellence, est révélatrice : elle a
le double rôle de dénoncer les œuvres du mal et d’éclairer les œuvres de celui
qui fait la vérité « accomplies en union avec Dieu ». Au Mal, Jean n’oppose
par le Bien mais la Vérité.
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