Judas

La Cène, Frans Pourbus le Jeune, 1618, Le Louvre


 L'évangile du jour : Matthieu 26, 14-25

En ce temps-là, l’un des Douze, nommé Judas Iscariote, se rendit chez les grands prêtres et leur dit : « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? » Ils lui remirent trente pièces d’argent. Et depuis, Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer.

Le premier jour de la fête des pains sans levain, les disciples s’approchèrent et dirent à Jésus : « Où veux-tu que nous te fassions les préparatifs pour manger la Pâque ? » Il leur dit : « Allez à la ville, chez untel, et dites-lui : “Le Maître te fait dire : Mon temps est proche ; c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples.” » Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit et ils préparèrent la Pâque.

Le soir venu, Jésus se trouvait à table avec les Douze. Pendant le repas, il déclara : « Amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer. » Profondément attristés, ils se mirent à lui demander, chacun son tour : « Serait-ce moi, Seigneur ? » Prenant la parole, il dit : « Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi, celui-là va me livrer. Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! » Judas, celui qui le livrait, prit la parole : « Rabbi, serait-ce moi ? » Jésus lui répond : « C’est toi-même qui l’as dit ! » 

***

L'heure s'approche. Cette chronologie dramatique de la Semaine sainte, nous la connaissons par cœur. La pièce qui se joue avait-elle besoin d'un traître ? Si l'on en juge par toutes les occasions où Jésus a été sur le point d'être arrêté, sans doute que non. Judas n'était pas nécessaire. La figure du rabbi était parfaitement connue des autorités, ses déplacements provoquaient des attroupements fort peu discrets. Mais il y a Judas, dont la traîtrise insigne a fait de son nom propre un nom commun : un judas... C'est un beau traître en qui on peut avoir confiance : la preuve en est qu'il est payé d'avance, avant même d'avoir livré Jésus. Et il rejoint ses compagnons, à peine troublé, pour ce dernier repas avec le Maître. On peut imaginer quelque jubilation intime : il a déjà gagné beaucoup d'argent et il n'aura pas grand chose à faire – un baiser, familier – pour désigner l'homme à arrêter. Mais Jésus sait ou sent cela. Et il l'annonce aux disciples réunis avec lui, douze ou davantage. L'évangile dit qu'ils sont « vivement attristés ». Ne devraient-ils pas plutôt s'indigner que Jésus soupçonnât l'un d'entre eux, protester, comme lorsque les fils de Zébédée avaient réclamé les premières places (Marc 10, 35-40) ? Non, ils se contentent de demander, comme déjà résignés, chacun à son tour, s'il est le coupable. Quand Jésus désigne Judas, autre étonnement : pourquoi les disciples ne réagissent-ils pas immédiatement, s'emparant de Judas, le questionnant pour connaître ses projets et mettre ainsi leur maître à l'abri ? Mystère d'une Parole qui doit s'accomplir jusqu'au bout, d'un scénario en forme de destin, qu'il faut juste suivre.

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