À Nazareth

 


L’évangile du jour : Luc 4, 24-30

Dans la synagogue de Nazareth, Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays. En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère. Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. »

À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.

***

Selon Luc, nous sommes au début de la prédication de Jésus qui, après être allé en Galilée, revient vers son pays natal, à Nazareth. Il est seul, n’ayant pas encore de disciples. Il prêche dans la synagogue mais bientôt ce rabbi auto-proclamé est reconnu comme un enfant du pays, le « fils de Joseph ». L’attention de son auditoire se défait, comme s’il avait perdu toute légitimité à parler avec celles et ceux qui l’ont connu enfant, adolescent. Est-il agacé, frustré ? Il fait une tentative d’autodérision : « certainement, vous me direz cette parabole : ‘médecin, guéris-toi toi-même’ ». Puis il reconnaît l’échec qui l’attendait en revenant dans son pays d’enfance : nul n’est prophète en son pays. Et d’ailleurs, renchérit-il, un peu provocant, Yahvé ne se lasserait-il pas d’envoyer des prophètes à Israël ? Et de rappeler deux épisodes du livre des Rois montrant comment Élie et Élisée ont privilégié les peuples autochtones voire païens, au détriment d’Israël, incapable d’entendre ses propres prophètes. 

Évidemment, la synagogue s’enflamme contre ce jeune rabbi qui veut lui donner des leçons. La scène devient violente. Ils le poussent hors de la ville, pour ne pas risquer de la souiller de son sang mais, un peu mystérieusement, Jésus leur échappe juste avant d’être précipité d’un escarpement : « passant au milieu d’eux, il allait son chemin ». Pour sa première prédication, il vient déjà de frôler la mort. Il va retourner en Galilée et appeler ses premiers disciples. Il ne sera plus seul.


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