Multiplication

 

Multiplication des pains et des poissons, Lambert Lombard, XVIe siècle

L’évangile du jour : Marc 8, 1-10

En ces jours-là, comme il y avait de nouveau une grande foule, et que les gens n’avaient rien à manger, Jésus appelle à lui ses disciples et leur dit : « J’ai pitié (splagcnizomai) de cette foule, car depuis trois jours déjà ils restent auprès de moi, et n’ont rien à manger. Si je les renvoie chez eux à jeun, ils vont défaillir en chemin, et certains d’entre eux sont venus de loin. » Ses disciples lui répondirent : « Où donc pourra-t-on trouver du pain pour les rassasier ici, dans le désert ? » Il leur demanda : « Combien de pains avez-vous ? » Ils lui dirent : « Sept. » Alors il ordonna à la foule de s’asseoir par terre. Puis, prenant les sept pains et rendant grâce (eucaristhsaV), il les rompit, et il les donnait à ses disciples pour que ceux-ci les distribuent ; et ils les distribuèrent à la foule. Ils avaient aussi quelques petits poissons, que Jésus bénit et fit aussi distribuer. Les gens mangèrent et furent rassasiés. On ramassa les morceaux qui restaient : cela faisait sept corbeilles. Or, ils étaient environ quatre mille. Puis Jésus les renvoya. Aussitôt, montant dans la barque avec ses disciples, il alla dans la région de Dalmanoutha.

***

Ce récit dit de la multiplication des pains est un doublet chez Marc puisqu’un récit analogue se trouve en Marc 6, 30-44, situé en Galilée. Ici nous sommes sur une terre païenne. Mais ce second récit a sans doute une vertu de renforcement que va souligner Jésus quelques versets plus loin quand il tancera vivement « le cœur endurci » de ses disciples qui s’inquiétaient de ne pas avoir de pain (Mc 8, 18-21) et qu’il devra leur rappeler les deux multiplications des pains. Vous ai-je jamais laissé manquer de l’essentiel ? leur reprochera-t-il alors.

Le verbe qu’emploie Marc pour exprimer le sentiment qu’éprouve Jésus face à la foule qui l’entoure est très fort : il signifie littéralement « avoir des entrailles » et le traduire par « avoir pitié » (« misereor » dans la Vulgate latine, « compassion » dans la traduction liturgique) l’édulcore. Jésus a bien conscience de cet essentiel qui est de manger à sa faim et il communique à ses disciples la prévenance qui est la sienne envers tous ceux qui le suivent. Peut-être sait-il que ventre affamé n’a pas d’oreilles.

Avec sept pains partagés, il va nourrir quatre mille personnes et il restera sept corbeilles. La plupart des exégètes font de ce récit une interprétation eucharistique, car c’est le verbe eucharistein (« rendre grâces ») qui est employé et tout se passe comme si ce récit anticipait celui de la Cène au cours de laquelle Jésus se donne lui-même en nourriture – « ceci est mon corps, prenez et mangez » - au moment de la fraction du pain. En se partageant, Jésus répètera le geste de la multiplication des pains, mais pour combler une faim plus essentielle, celle qui ne s’apaise justement que dans et par le partage de son corps. Saint Jean portera au plus haut la question de la nourriture spirituelle en faisant dire à Jésus : « ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jn 4, 34).

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