Métamorphose

 

Transfiguration, Raphaël, 1520


L’évangile du jour : Marc 9, 2-10 (deuxième dimanche de Carême)

Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmena, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré (metemorfwqh) devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur (leuka) telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille. Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus. Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » De fait, Pierre ne savait que répondre, tant leur frayeur était grande. Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.

Ils descendirent de la montagne, et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, sinon quand le Fils de l’homme se serait relevé (anasth) d’entre les morts. Et ils restèrent fermement attachés à cette parole, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « se relever (anasthnai) d’entre les morts ».

***

Si les évangiles avaient été traduits directement du grec en français, sans doute parlerions-nous de la « métamorphose » de Jésus et non de sa « transfiguration ». Le verbe qu’emploie les évangélistes Matthieu et Marc est metamorfow qui a donné notre métamorphose, littéralement « changement de forme », traduit dans la Vulgate latine par « transfiguratus est » qui a fourni directement « il fut transfiguré ». Alors que Marc insiste sur la blancheur des vêtements, Matthieu et Luc parlent du visage, « resplendissant comme le soleil » pour le premier, le second précisant simplement que « l’aspect de son visage (species vultus eius, en latin) devint autre » (Lc 9, 30), périphrase qui rejoint le changement de figure contenu dans le mot transfiguration.

Trois traits de la scène, la « haute montagne », la « blancheur » exceptionnelle de la lumière, la « nuée » sont caractéristiques d’une théophanie, d’une manifestation divine, que confirme la voix qui se fait entendre, semblable à celle déjà entendue au baptême de Jésus, affirmant celui-ci « fils » (de Dieu) : « celui-ci est mon fils bien-aimé (agaphtoV) » (Luc parle lui de « fils élu », eklelegmenoV).

Cette scène de la « transfiguration », trois disciples, Pierre, Jacques et Jean en ont été les témoins privilégiés. Pierre la rapportera dans sa seconde lettre (2 P 1, 16-18). Pour l'heure, ils vont rester muets, Jésus leur imposant le silence, comme toujours chez Marc, jusqu’à ce qu’il soit « relevé d’entre les morts », annonce doublement inacceptable et incompréhensible pour eux sur le moment : que Jésus puisse mourir et a fortiori qu’il revienne du séjour des morts.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Une foi par jour

« Ta parole est la vérité »

Talitha koum !