Le pur et l'impur

 


L’évangile du jour : Marc 7, 14-23

En ce temps-là, appelant de nouveau la foule, Jésus lui disait : « Écoutez-moi tous, et comprenez bien. Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. »

Quand il eut quitté la foule pour rentrer à la maison, ses disciples l’interrogeaient sur cette parabole. Alors il leur dit : « Êtes-vous donc sans intelligence, vous aussi ? Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans l’homme, en venant du dehors, ne peut pas le rendre impur, parce que cela n’entre pas dans son cœur, mais dans le ventre, et s’en va aux latrines ? » Il purifiait ainsi tous les aliments.

Il leur dit encore : « Ce qui sort de l’homme, c’est cela qui le rend impur. Car c’est du dedans, du cœur (kardia) de l’homme, que sortent les mauvaises pensées (oi dialogismoi oi kakoi) : débauches (porneiai), vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, ruse, impudicité, envie, diffamation, orgueil et déraison. Toutes ces choses méchantes sortent du dedans (eswqen) et rendent l’homme impur. »

***

Après la controverse sur la pureté rituelle qui avait été déclenchée par des Pharisiens voyant des disciples manger sans avoir accompli les ablutions préalables des mains, Jésus enfonce le clou en redéfinissant radicalement le partage entre le pur et l’impur. Pureté et impureté sont des qualités du cœur et non du corps. Aucun aliment ne peut être déclaré impur car il ne pénètre pas le cœur de l’homme. Et ce n’est pas ce qui entre en l’homme qui le rend impur mais ce qui sort de lui sous la forme de « pensées mauvaises ». 

En déportant aussi nettement la question du pur et de l’impur du plan matériel vers le plan moral, faisant d'une opposition figée un principe dynamique, Jésus n’aura pas pour autant réglé la chose de son vivant. De nombreux passages ultérieurs dans le Nouveau Testament témoignent de la résistance à cette « révolution » : par exemple, à Antioche, Paul reprochera à Céphas son hypocrisie en le voyant manger avec les païens puis revenir aux prescriptions juives à l’arrivée de chrétiens de Jérusalem, de « l’entourage de Jacques », ayant conservé leurs traditions (Gal 2, 11-14) (voir aussi Rm 14, 13-21 et Ac 10, 9-15). Tant le judaïsme que plus tard l’islam conserveront ces catégories comme marqueurs de leur identité religieuse (nourriture casher, opposition haram/halal, « interdit/autorisé » dans l’islam)

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