à Capharnaüm
L'évangile du 5e dimanche ordinaire, 4 février 2024 : Marc 1, 29-39 (déjà lu et commenté le 10 janvier)
En ce temps-là, aussitôt sortis de la synagogue de
Capharnaüm, Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison
de Simon et d’André. Or, la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la
fièvre. Aussitôt, on parla à Jésus de la malade. Jésus s’approcha, la saisit
par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait.
Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait
tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons. La ville
entière se pressait à la porte. Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes
sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons
de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était.
Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et
se rendit dans un endroit désert, et là il priait. Simon et ceux qui étaient
avec lui partirent à sa recherche. Ils le trouvent et lui disent : « Tout le
monde te cherche. » Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages
voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je
suis sorti. »
Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Évangile dans
leurs synagogues, et expulsant les démons.
***
« Tout le monde te cherche ». Il y a du reproche et de la reconnaissance dans cette phrase. Le maître de la fête n’a pas le droit de s’absenter car, sans lui, elle n’a plus de sens. Elle risque de s’éteindre d’elle-même. Depuis qu’il est « sorti » (exhelqon) - comme on dirait « sorti du bois » - Jésus est victime de son succès. Pressé de toutes parts, une force de guérison s'écoule de lui en continu, qu’il ne peut ressourcer qu’en se retrouvant en tête-à-tête avec son père. La prière est son désert portatif où il renoue ce lien à la puissance de Dieu, retrouvant l’humilité du fils. Comme s’il se rechargeait. Et où, solitaire, il n’est plus seul. Combat intime entre la prière et l’action. Puis, inlassable, il reprend la route, fuyant les foules des villes pour s’engouffrer dans d’autres.
Les démons, eux, seuls à le reconnaître, s’agitent et voudraient crier son Nom chaque fois qu’il les expulse des corps souffrants. Jésus tente de les faire taire comme pour préserver ce que des exégètes ont nommé « le secret messianique ». Chez Marc notamment, tout se passe comme si Jésus avait tenté de cacher son identité de fils de Dieu, enjoignant aussi ses disciples de n’en rien dire, jusqu’à ce qu’elle soit rendue manifeste après sa mort. Peut-être voulait-il ainsi se démarquer des aspirations messianiques de son époque qui, aux yeux de certains, trouvaient leur réalisation dans ses « miracles » (dunamiV). L’évangéliste Jean le rapporte après le signe (shmeion) de la multiplication des pains : « Jésus se rendit compte qu’ils voulaient le faire roi ; alors il s’enfuit à nouveau dans la montagne, tout seul » (Jn 6, 15). Le principal problème de Jésus, compte tenu des signes qu’il accomplissait, fut peut-être d’avoir à se « dé-messianiser » en permanence, lui qui n’avait de cesse d’annoncer en personne la venue « d’un royaume des cieux » tout autre, qui ne se réaliserait plus tard qu'en sa personne.
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