« Voici l'Agneau de Dieu »

 

Agnus Dei, Francisco de Zurbaran, 1635-40, Museo del Prado

L’évangile du jour (Jean 1, 29-34) :

 Le lendemain, voyant Jésus venir vers lui, Jean le Baptiste déclara : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ; c’est de lui que j’ai dit : L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était. Et moi, je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté à Israël. » Alors Jean rendit ce témoignage : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : “Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui- là baptise dans l’Esprit Saint.” Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. »

 ***

Juste après le prologue de son évangile qui consacre l’incarnation du Verbe de Dieu en son Fils unique comme nouvelle genèse du monde, Jean l’évangéliste met en scène une sorte de semaine inaugurale (Jn 1, 19-2, 12), qui renforce cette idée d’une genèse bis. Chaque journée apporte une révélation supplémentaire sur l’identité de Jésus, et la semaine culmine le septième jour dans l’épisode des noces de Cana, « le premier des signes de Jésus » (archn twn semeion o IhsouV) où « il manifesta sa gloire (doxa) ». Il y a sept « signes » dans l’évangile de Jean qui n’emploie jamais le mot grec dunamiV, « puissance », que la Vulgate a traduit par « miraculum ». Cette révélation est portée par son premier témoin, Jean le Baptiste, et toute la semaine est ponctuée par un mot : « le lendemain » (th epaurion).

En ce deuxième jour, le Baptiste présente Jésus dans la figure de l’Agneau, qui est un des symboles majeurs de la pensée christologique du quatrième évangile. L’agneau est à la fois l’agneau pascal, symbole de la libération d’Israël du joug des Égyptiens (Ex 12, 1) et la victime expiatoire qui porte le péché des humains. La théologie de l’évangéliste fusionne ces deux agneaux en un seul, dans la personne du Christ. On retrouve la figure de l’agneau dans le livre de l’Apocalypse (Ap 14, 1).

Dans cette deuxième journée, après avoir parlé la veille de Jésus à ceux qui venaient l’interroger sur sa propre identité, Jean témoigne de Jésus en sa présence. L’évangéliste ne rapporte pas la scène du baptême de Jésus, présentée en direct dans les trois synoptiques, mais il en fait raconter le déroulement, reprenant l’image essentielle de l’Esprit, sous forme d’une colombe. Le Baptiste précise qu’il a bien été envoyé (o pemyaV me) pour baptiser dans l’eau Celui qui baptisera désormais dans l’Esprit. Et que cette homme-là est « le fils de Dieu » (o uioV tou qeou).

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