Nathanaël (II)

 



Philippe appelle Nathanaël, Vitrail des apôtres, cathédrale de Chartres, XIIIe

L’évangile du jour (Jean 1, 43-51)

 Le lendemain, Jésus voulut partir pour la Galilée et il rencontre Philippe, et lui dit : « Suis-moi » (akolouqei moi). Philippe était de Bethsaïde, le village d’André et de Pierre. Philippe rencontre Nathanaël et lui dit : « Celui dont il est écrit dans la loi de Moïse et chez les Prophètes, nous l’avons trouvé : c’est Jésus fils de Joseph, de Nazareth. » Nathanaël répliqua : « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » Philippe répond : « Viens et vois » (ercou kai ide).

Lorsque Jésus voit Nathanaël venir à lui, il déclare à son sujet : « Voici vraiment un Israélite : il n’y a pas de ruse en lui. » Nathanaël lui demande : « D’où me connais-tu ? » Jésus lui répond : « Avant que Philippe t’appelle, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu. » Nathanaël lui dit : « Rabbi, c’est toi le Fils de Dieu ! C’est toi le roi d’Israël ! » Jésus reprend : « Je te dis que je t’ai vu sous le figuier, et c’est pour cela que tu crois ! Tu verras des choses plus grandes encore. » Et il ajoute : « Amen, amen, je vous le dis : vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme. »

***

 La constitution du groupe des disciples au cours de cette semaine inaugurale telle qu’a voulu la recréer l’évangéliste Jean, apparaît comme une succession de rencontres transitives (avec le verbe euriskw) et d’invitations, telles des boules d’un billard qui se choqueraient l’une après l’autre, aboutissant toutes à Jésus, au centre du tapis. De Jean le Baptiste partent André et un second homme qui n’est pas identifié (peut-être Jean l’évangéliste, celui qui raconte et ne peut se nommer) ; André va voir son frère Simon qui va devenir Pierre ; Philippe, auquel Jésus a intimé son impérieux « suis-moi », rencontre Nathanaël et l’amène à Jésus d’un « viens et vois » copié sur son nouveau maître.

En quelques lignes, Jésus est reconnu, d’abord par Philippe, comme « fils de Joseph, de Nazareth », bien incarné dans le temps et l’espace de la Palestine, puis comme l’annoncé, « celui dont il est écrit dans la loi de Moïse et chez les Prophètes », puis par Nathanaël comme « fils de Dieu », « roi d’Israël » avant qu’il ne s’annonce lui-même dans la figure à venir du « fils de l’Homme » ouvrant le ciel, écho au cri d’Isaïe « ah si tu déchirais les cieux » (Is 64, 1) entendu dans ce texte prophétique lu pendant le temps de l’Avent.

Au terme de ces quatre premières journées, l’évangéliste a mis en place le portrait total de Jésus, Christ, qu’il va couronner dans les versets suivants, « le troisième jour », par le premier signe de son évangile, celui des noces de Cana.

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