Le sandwich de saint Marc

 

Tête du Christ, Rembrandt (1645-50)

L’évangile du jour (Marc 3, 20-21) 

En ce temps-là, Jésus revint à la maison, où de nouveau la foule se rassembla, si bien qu’il n’était même pas possible de manger. Les gens de chez lui, l’apprenant, partirent pour se saisir de lui, car ils disaient : « Il a perdu la tête. » 

*** 

L’exégète Raymond Edward Brown, dont mes commentaires s’inspirent beaucoup*, voit dans la séquence, qui est inaugurée ici de façon très brève et qui court  jusqu’au verset 35, une illustration d’un procédé littéraire de l’évangéliste Marc, que d’aucuns nomment le « sandwich marcien » (sic).

 Première tranche de pain aujourd'hui (3, 20-21). Il devient clair qu’il y a autour de Jésus un phénomène populaire qui s’est formé très vite et que nous nommerions aujourd’hui « emballement médiatique ». La nouvelle en parvient à la famille de Jésus. Ses parents, frères et sœurs, proches, pensent qu’il est devenu fou – « il a perdu le sens » - et quittent Nazareth pour tenter de le retirer de la circulation (aujourd’hui, on procéderait sans doute à un internement psychiatrique d’office). Pendant qu’ils cheminent jusqu’à Capharnaüm où vit le rejeton, peut-être hébergé chez Pierre dont il a guéri la belle-mère (1, 29-31) qui lui doit bien ça, Jésus continue à ferrailler avec des scribes…

 Le jambon (3, 22-30). Les parents pensent que leur fils est fou, les scribes, eux, disent « il est possédé par Beelzeboul », un des noms du diable, ou bien « c’est par le Prince des démons qu’il expulse les démons ». On verra lundi comment Jésus se tire de cette énième polémique : plutôt bien mais ça ne fait qu’énerver davantage les opposants à cet homme qui a toujours raison, souvent par la rhétorique, des pièges qu’ils lui tendent.

 Deuxième tranche de pain (3, 31-35). Ce sera pour mardi, la famille arrivera à Capharnaüm et on aura le 'sandwich de Marc' au complet.


* Raymond Edward Brown, An Introduction to the New Testament (1997, Doubleday, New York), traduit par Jacques Mignon, Que sait-on du Nouveau Testament ? (2000, Bayard, 921 pages)

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