« L'adoption » du fils de Dieu ?


Le baptême du Christ, Léonard de Vinci, 1475


L’évangile du jour (Marc 1, 7-11) :

En ce temps-là, Jean le Baptiste proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »

En ces jours-là, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. Et aussitôt, en remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. Il y eut une voix venant des cieux : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »

 ***

Les exégètes, ces spécialistes de la Bible qui la scrutent avec toute leur intelligence des textes, s’accordent à dire que l’évangile de Marc, le plus court des quatre, a sans doute servi de base rédactionnelle à Matthieu et Luc, à côté d’une autre source, baptisée Q (pour « Quelle », la source en allemand), une collection perdue de traditions - faits et dits - sur Jésus, sorte de texte fantôme, reconstitué, qui hante les quatre autres et les enrichit. L’évangile de Jean est à part, fruit d’une tradition plus tardive et largement indépendante.

Marc fait l’impasse sur ce qu’on nomme « les évangiles de l’enfance », préface au ministère de Jésus. Rien ne lie a priori Jésus et Jean, comme l’exposent amplement Matthieu et Luc. L’action démarre abruptement avec une courte présentation du Baptiste en ascète du désert, messager précurseur de « Jésus Christ fils de Dieu ». La scène du baptême de Jésus par Jean est brossée en quelques traits. Les cieux qui se déchirent, l’Esprit qui descend sur Jésus comme une colombe, la voix qui tombe du ciel pour reconnaître le Fils bien-aimé et dire sa joie, composent une vision subjective du seul Jésus, dont il a peut-être fait état plus tard à ses disciples. Comme Marc ne rapporte aucune tradition liée aux conditions particulières de la naissance de Jésus, il a été considéré par certains qu’il avait une optique adoptianiste : Jésus aurait été un homme ordinaire que Dieu a adopté comme fils et auquel il a conféré sa puissance divine. Matthieu et Luc, au contraire, s’attachent à montrer que Jésus était fils de Dieu dès sa conception. 

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