Une prophétesse
L’évangile du
jour (Luc 2, 36-40)
En ce
temps-là, quand les parents de Jésus vinrent le présenter au Temple, il y avait
aussi une femme prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle
était très avancée en âge ; après sept ans de mariage, demeurée veuve, elle
était arrivée à l’âge de 84 ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant
Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. Survenant à cette heure même,
elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui
attendaient la délivrance de Jérusalem.
Lorsqu’ils
eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en
Galilée, dans leur ville de Nazareth.
L’enfant,
lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était
sur lui.
Il y a peu de
personnages sur la scène évangélique qui ont leur quart d’heure
de célébrité. Un petit tour et puis s’en va. Cette « Anne fille de Phanuel »
en est un. Luc lui fait une bio express. La traduction liturgique a reculé
devant le mot « prophétesse », pour préférer « femme prophète » :
la Vulgate écrit pourtant en latin « prophetissa ». Comme elle
éclipse la mot « virginité » ; la synopse traduit ce passage :
« ayant vécu avec son mari sept ans depuis sa virginité » (apo thV parqeniaV authV). Anne renforce le
témoignage de Syméon en parlant autour d’elle de l’enfant qu’elle vient de
croiser. On ne la reverra pas, mais son nom est inscrit ici pour l’éternité.
A-t-elle plus
de chance que la femme qui, dans l’évangile de Matthieu (26, 6-13), parfume la
tête de Jésus chez Simon le lépreux, à Béthanie, juste avant l’arrestation, et qui
restera anonyme, mais non son geste ? « En vérité je vous le dis,
partout où sera proclamé cet évangile dans le monde entier, on redira aussi à
sa mémoire, ce qu’elle vient de faire ». L’évangéliste Jean, qui
relate une scène similaire – l’onction de Jésus par un parfum coûteux - l’identifie
comme étant Marie, la sœur de Marthe et de Lazare (Jn 12, 3).
Luc conclut ce
passage d'un résumé en quelques mots de l’enfance de Jésus. Nous n’en saurons pas
plus, nous manquera éternellement le roman d’apprentissage de l’homme de
Nazareth. Même si quelques écrits apocryphes s’efforceront de combler ce vide à
coups de merveilleux et de miracles précoces. Dans sa sagesse, la Tradition
rejettera ces fables de jeunesse en dehors du canon des Écritures.
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