« Un signe de contradiction »

 


Présentation de Jésus, Philippe de Champaigne

L’évangile du jour est celui de la présentation de Jésus au Temple (Luc 2, 22-35) :

 

Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur. Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes.

Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui. Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur. Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple. Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait, Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant : « Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »

Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui. Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées d’un grand nombre de cœurs. »

 ***

Dans son « évangile de l’enfance », Luc prend soin de noter que les parents de Jésus autant que ceux de Jean le futur Baptiste se conforment aux prescriptions - rites et délais - de la Loi : circoncision, purification (de la mère), présentation et consécration du mâle premier-né. Jean et Jésus sont juifs.

La rencontre avec le vieillard Syméon, « juste et religieux », est l’occasion pour l’évangéliste d’inscrire un nouvel hymne, que les moines chantent au dernier office du soir, à Complies, et que l’on connaît sous son nom latin, Nunc dimittis. Au seuil de la nuit, il y a dans ce « nunc », ce « maintenant », tout l’apaisement du jour et du devoir accomplis jusqu’à la remise de soi dans l’ombre de Dieu.

Au Temple, Syméon est le premier à révéler en public la vocation, de lumière et de gloire, de Jésus, au grand étonnement de ses parents, qui pourraient reposer la question de ceux qui entouraient six mois avant le bébé d’Élisabeth et de Zacharie : « Que sera donc cet enfant ? » (Lc 1, 66). À destination de Marie, Syméon ajoute une note tragique au sein de cette vocation, un « glaive » qui la traversera et qui annonce d’emblée la Passion de son fils, signe en butte à la contradiction et révélateur de toutes les pensées cachées au fond des cœurs.

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