« Qui es-tu ? »

 

Jean le Baptiste enfant, Murillo, 1665

L’évangile du jour parlait encore de Jean le Baptiste (Jean 1, 6-8.19-28) :

 

Il y eut un homme envoyé par Dieu dont le nom était Jean. Il vint pour un témoignage, afin de  rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui. Il n’était pas la Lumière, celui-là, mais il vint afin de rendre témoignage à la Lumière. […]

Voici le témoignage de Jean, quand les Juifs ( ) lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : « Qui es-tu ? » Il confessa, il ne nia pas, il confessa : « Je ne suis pas le Christ. » Ils lui demandèrent : « Quoi donc ? Es-tu Élie ? » Il répondit : « Je ne le suis pas. – Es-tu le prophète ? » Il répondit : « Non. » Alors ils lui dirent : « Qui es-tu, que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu de toi-même ? » Il répondit : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. » Or, ils avaient été envoyés de la part des Pharisiens. Ils lui posèrent encore cette question : « Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète ? » Jean leur répondit : « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale. »

Cela s’est passé à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où Jean baptisait.

 ***

J’ai vécu aujourd’hui la liturgie de ce troisième (et avant-dernier) dimanche de l’Avent à l’église Saint-Pierre-de-Montrouge, dans le 14ème arrondissement de Paris. On appelle ce dimanche de l’Avent le « dimanche du Gaudete » du verbe latin qui signifie « réjouissez-vous ! ». Cet impératif est traduit dans l’ornement des prêtres qui est rose ce dimanche-là !

 Le passage de l’évangile du jour commence avec deux versets extraits du prologue de l’évangile de Jean, « au commencement était le Verbe… » et se poursuit par une sorte d’interrogatoire en règle de Jean le Baptiste par « les Juifs », sans doute perplexes devant la notoriété grandissante de Jean.  Cette dénomination, qui traduit peut-être de façon prématurée, le grec « oi ioudaioi » exprime parfois chez l’évangéliste une forme d’hostilité, celle-là même que les premiers chrétiens ont pu rencontrer dans les synagogues, la même que Jésus avait rencontrée vis-à-vis de ses opposants, la même que rencontraient sans doute la communauté du Disciple bien-aimé. Chez Jean, Jésus parle parfois comme un non-juif : « écrit dans votre Loi » (10,34) ou « dans leur Loi » (10,34), « comme je l’ai dit aux Juifs » (13,33).

L’interrogatoire de Jean vise à saisir son identité. Jean refuse tour à tour d’être assimilé au Christ, au prophète Élie et au Prophète attendu. Ses interlocuteurs semblent alors penser qu’il n’est pas apte à baptiser comme il le fait au bord du Jourdain. Mais Jean reconnait un autre homme qui vient après lui et dont il ne sera pas digne de délacer les chaussures. Pour l’heure, c’est cet homme qui est attendu.

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