« Que sera donc cet enfant ? »
L’évangile du
jour (Luc 1, 57-66)
Quand fut
accompli le temps où Élisabeth devait enfanter, elle mit au monde un fils. Ses
voisins et sa famille apprirent que le Seigneur lui avait montré la grandeur de
sa miséricorde, et ils se réjouissaient avec elle.
Le huitième
jour, ils vinrent pour la circoncision de l’enfant. Ils voulaient l’appeler
Zacharie, du nom de son père. Mais sa mère prit la parole et déclara : « Non,
il s’appellera Jean. » On lui dit : « Personne dans ta famille ne porte ce
nom-là ! » On demandait par signes au père comment il voulait l’appeler. Il se
fit donner une tablette sur laquelle il écrivit : « Jean est son nom. » Et tout
le monde en fut étonné. À l’instant même, sa bouche s’ouvrit, sa langue se
délia : il parlait et il bénissait Dieu. La crainte saisit alors tous les gens
du voisinage et, dans toute la région montagneuse de Judée, on racontait tous
ces événements. Tous ceux qui les apprenaient les conservaient dans leur cœur
et disaient : « Que sera donc cet enfant ? » En effet, la main du Seigneur
était avec lui.
Si Marie est
resté trois mois auprès d’Élisabeth qui était enceinte de six mois à son
arrivée, on peut penser qu’elle a assisté à l’accouchement de sa parente et à la
circoncision de l’enfant, huit jours après la naissance de celui-ci, avant de
revenir chez elle. Occasion pour elle de s’instruire des derniers moments d’une
grossesse et du déroulement d’un accouchement. Transmission d’expérience de
femme à femme. Le voisinage est associé à l’heureux – et toujours un peu miraculeux – événement.
Selon la Loi
juive, la circoncision est précoce, dès le huitième jour,
conformément à la prescription du Lévitique (Lv 12, 3), énoncée dans une série
de règles qui concerne l'impureté de la femme accouchée. C’est à ce moment aussi
qu’on décide du prénom de l’enfant. On retrouve le père de Jean, Zacharie,
toujours muet depuis que l’ange Gabriel l’a puni de son scepticisme face à l’annonce
qu’il lui faisait qu’Élisabeth allait lui enfanter un fils (1, 13). En
confirmant le choix de sa femme, qui était aussi celui de l’ange - « Jean
est son nom » - il se réinscrit dans le plan de Dieu et, assez logiquement,
il recouvre la parole, ayant tranché la controverse qui s’amorçait sur le
prénom entre Élisabeth et son entourage.
Juste avant que
Zacharie n’entame son hymne chantant la louange de son fils, le Benedictus,
l’assistance qui entoure le couple s’interroge sur la singularité de cette naissance
hors normes : « Que sera donc cet enfant ? ». Luc va conduire son dyptique, Jean versus Jésus, jusqu'au bout. Jusqu'à Noël.
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