Le rêve de Joseph

Le songe de Joseph, Georges de la Tour, vers 1600-1650.


L’évangile du jour (Matthieu 1, 18-24) :

 

Voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été fiancée à Joseph ; avant qu’ils aient mené vie commune, elle se trouva enceinte par le fait de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la répudier secrètement. Comme il avait formé ce projet, voici qu’un ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, car ce qui naquit en elle est de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra et enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, ce qui veut dire : « Dieu-avec-nous ».

Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse.

 ***

C’est André Paul qui souligne, dans son premier maître-livre consacré à l’évangile de l’enfance selon saint Matthieu, l’appartenance de ce passage à un genre littéraire bien établi, qui n’est pas propre à la littérature biblique : « l’annonce faite à un homme jusque là sans enfants de la naissance miraculeuse d’un fils destiné à jouer un rôle particulièrement marquant dans l’histoire [ici] du Salut ». Le parallèle avec l’annonce faite à Abraham de la naissance d’Isaac (en Genèse 17,19) est frappant. Ainsi, Joseph est désigné comme « fils de David », par l’ange, mais la référence intertextuelle inscrit aussi Jésus lui-même comme « fils d’Abraham », dans cette lignée dont la généalogie qui ouvre l’évangile de Matthieu souligne la continuité.

Ce qui est remarquable aussi chez Matthieu, c’est la fonction du rêve (onar) qui n’est autre que le « lieu » où se manifeste l’ange pour indiquer à l’homme la volonté de Dieu. C’est le rêve qui sera aussi pour Freud, héritier de la tradition judaïque, la première porte d’accès non pas à Dieu mais au désir et à l’inconscient. Chez Matthieu, c’est un deuxième rêve qui l’avertit Joseph d’avoir à quitter la Palestine pour fuir Hérode en Égypte (Mt 2, 13) et c’est encore un rêve (Mt 2, 19) qui le fait réintégrer son pays et s’installer à Nazareth. 

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