Le rêve de Joseph
L’évangile du
jour (Matthieu 1, 18-24) :
Voici
comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été fiancée à Joseph
; avant qu’ils aient mené vie commune, elle se trouva enceinte par le fait de
l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas
la dénoncer publiquement, décida de la répudier secrètement. Comme il avait
formé ce projet, voici qu’un ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit :
« Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, car
ce qui naquit en elle est de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui
donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée
par le prophète : Voici que la Vierge concevra et enfantera un fils ; on lui
donnera le nom d’Emmanuel, ce qui veut dire : « Dieu-avec-nous ».
Quand Joseph
se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez
lui son épouse.
C’est André
Paul qui souligne, dans son premier maître-livre consacré à l’évangile de l’enfance
selon saint Matthieu, l’appartenance de ce passage à un genre littéraire
bien établi, qui n’est pas propre à la littérature biblique : « l’annonce
faite à un homme jusque là sans enfants de la naissance miraculeuse d’un fils
destiné à jouer un rôle particulièrement marquant dans l’histoire [ici] du Salut ».
Le parallèle avec l’annonce faite à Abraham de la naissance d’Isaac (en Genèse
17,19) est frappant. Ainsi, Joseph est désigné comme « fils de David »,
par l’ange, mais la référence intertextuelle inscrit aussi Jésus lui-même comme « fils d’Abraham »,
dans cette lignée dont la généalogie qui ouvre l’évangile de Matthieu souligne
la continuité.
Ce qui est remarquable aussi chez Matthieu, c’est la fonction du rêve (onar) qui n’est autre que le « lieu » où se manifeste l’ange pour indiquer à l’homme la volonté de Dieu. C’est le rêve qui sera aussi pour Freud, héritier de la tradition judaïque, la première porte d’accès non pas à Dieu mais au désir et à l’inconscient. Chez Matthieu, c’est un deuxième rêve qui l’avertit Joseph d’avoir à quitter la Palestine pour fuir Hérode en Égypte (Mt 2, 13) et c’est encore un rêve (Mt 2, 19) qui le fait réintégrer son pays et s’installer à Nazareth.
Commentaires
Enregistrer un commentaire