« Le baptême de Jean »
L'évangile du jour (Marc 1, 1-8)
Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. Il est écrit dans Isaïe, le prophète : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin. Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Alors Jean, celui qui baptisait, parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés. Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Il proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »
***
« Commencement ». Pour
Platon, « le commencement est un dieu qui, tant qu’il séjourne parmi
les hommes, sauve toute chose ». L’évangile de Marc commence de façon
abrupte, enchaînant en quelques versets la présentation de Jean le Baptiste, le
baptême de Jésus suivi de quarante jours au désert, où le Sauveur sera
« tenté par Satan ». C’est en sortant vainqueur de cette dernière épreuve
et après l’arrestation du Baptiste, que Jésus commence réellement à annoncer la
« bonne nouvelle venue de Dieu ». Contrairement à Matthieu et Luc, il
n’y a aucun « évangile de l’enfance » chez Marc qui ne suggère, à l’inverse
des deux autres synoptiques, aucune parenté entre Jésus et Jean autre que cette
initiation et cette transmission. Certains exégètes ont vu dans le baptême de Jésus
par Jean la mise en scène d’une adoption, par Dieu le Père, de l’homme de Nazareth,
qui serait devenu son Fils à l’heure même.
Même si les citations vétéro-testamentaires
sont moins nombreuses chez Marc que chez Matthieu, celle du prophète Isaïe entend
inscrire d’emblée ce qui va suivre dans la continuité des écrits judaïques et
de leur promesse. Oui, ce qui va se réaliser en Christ a été annoncé. Un précurseur
prépare le terrain. Et alors même que des foules vont voir dans le désert ce
curieux sauvage, lui-même s’efface déjà comme s’il disait : « vous
n’avez encore rien vu ». Au passage, le Baptiste bénéficie d’une
description physique spectaculaire, plus précise que celle d’aucun des autres
protagonistes des évangiles, Jésus y compris. Ce qui a permis aux artistes de
peindre à l’envi cet homme aux allures primitive et solitaire d’ascète du désert.
Ce désert où tout commence.
Jean sait que sa mission est transitoire : les premiers disciples de Jésus seront d’anciens disciples de Jean, des transfuges en quelque sorte. Curieusement, il ne sera plus guère question de baptême par la suite dans les évangiles synoptiques, sinon de façon incidente lors d’une controverse au Temple à propos du « baptême de Jean » (Mt 21,25) et dans les finales (Mt 28,19, Mc 16, 16 ). Un bref passage dans l’évangile de Jean affirme pourtant que Jésus lui-même baptisait (Jn 3, 26). C’est dans les lettres de Paul que cette pratique de la communauté chrétienne est réellement attestée (Romains 6).
C’est par le
baptême que Jésus va commencer et que le Christ commence en nous, à l’instar d’une
circoncision dés-incarnée : dé-genrée, dé-classée, dé-nationalisée : « ni Juif ni
Grec, ni esclave ni libre, ni homme ni femme » écrit saint Paul aux Galates
(Ga 3, 28)
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