« Comment cela va-t-il se faire ? »
L’évangile du
jour est celui de l’Annonciation dans saint Luc (1, 26-38):
Au sixième
mois d’Élisabeth, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée,
appelée Nazareth, à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de
la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.
L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur
est avec toi. » À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se
demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L’ange lui dit alors : «
Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu
vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera
grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône
de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne
n’aura pas de fin. »
Marie dit à
l’ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je ne connais pas d’homme ? »
L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du
Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera
saint, il sera appelé Fils de Dieu. Or voici que, dans sa vieillesse,
Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième
mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile. Car rien n’est impossible à
Dieu. » Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne
selon ta parole. »
Alors l’ange
la quitta.
***
Il y a un contraste vif dans ce dialogue entre l’ange Gabriel et Marie, entre l’annonce surchargée de mots et de signes, quasi-liturgique, du messager de Dieu et la simplicité des réactions de Marie. Elle est d’abord bouleversée et perplexe devant la salutation de l’ange qui est « entré chez elle ». A-t-il frappé ? Le texte ne le dit pas. Puis elle pose la question prosaïque – osera-t-on dire « toute bête » ? - du comment de cette conception annoncée : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? ». « Cela », c’est par ce mot d'une pudique neutralité, aquero en patois pyrénéen, que Bernadette a désigné l’apparition de 1858 à Lourdes.
La réponse de l’ange est plus mystérieuse encore que sa salutation. Elle évoque de grands moyens, pas moins que « l’Esprit saint » et la « puissance du Très-Haut », qui vont se déployer sur la jeune vierge. Puis l’ange fait l’effort d’être plus concret et rassurant en citant la parente Elisabeth, la soi-disant stérile, qui en est à son sixième mois, preuve que « rien n’est impossible à Dieu ».
Résonne alors une des plus belles paroles reprise trois fois par jour par l’Angelus : « ecce ancilla Domini », « voici la servante du Seigneur » et le « fiat » de Marie qui accepte de se loger tout entière dans la parole de l’ange, dans la parole de Dieu. C’est ce « fiat mihi », cet ordre qu’elle se donne à elle-même de se soumettre à la Parole, qui libère l’ange, lui donnant quitus de sa mission.
« Et l’ange la quitta ». Peut-on imaginer l’état d’esprit
de la petite Juive de Nazareth dans le silence qui suit ce départ ? Que m’est-il
arrivé ? Ai-je rêvé ? Et de se répéter les mots entendus, pour ne pas
les oublier, pour les confier à Joseph, peut-être, jusqu’à ce qu’ils prennent
chair en elle. « Et le Verbe s’est fait chair ». Et il va venir
habiter parmi nous. Bientôt Noël.
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