« Au commencement »
Jean 1, 1-18
Au
commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe
était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. Tout fut par lui et sans
lui rien ne fut. Ce qui fut en lui était la vie, et la vie était la lumière des
hommes et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas atteinte.
Au matin de
Noël, le prologue à la fois poétique et solennel de l’évangile de Jean répond à
la scène touchante de la crèche de la Nativité, peuplée d’animaux, de bergers
et d’anges dans les cieux. Comme si deux mondes étrangers s’étaient croisés
dans la nuit de Noël et se commentaient l’un l’autre au matin dans nos têtes.
Ce prologue est,
pour moi qui ai fait ma communion solennelle en 1962 dans la cathédrale Saint-Pierre
d’Angoulême, un souvenir d’enfance car il était lu à la fin de chaque messe (en
latin, mais mon missel était bilingue latin-français) jusqu’à la réforme
liturgique issue du concile Vatican II et mise en place en 1965.
Le prologue est
une sorte de préface à l’évangile bien spécifique que Jean va développer, fait
de signes (et non de miracles), d’incompréhensions, de doubles sens, au ton bien différent de celui
des synoptiques (Matthieu, Marc, Luc). Il prend la forme d’un hymne qui emprunte
beaucoup à la description de la Sagesse personnifiée dans le Premier testament.
Il résume la christologie de Jean. Cet hymne est suspendu à deux reprises par
des versets qui évoquent la figure de Jean le Baptiste et sa mission de « témoin
de la lumière ».
Dans la
traduction française, « verbe » vient directement du latin « verbum »
qui traduit lui-même le grec « logoV ».
Les Allemands traduisent plus simplement logos par « Wort » et les Anglais par « word »
(autrement dit : « mot »). Ainsi le début du prologue ressemble
à celui du livre de la Genèse, « et dieu Dit et cela fut », au
commencement du monde qui advient par le mot dit, la Parole créatrice de Dieu.
Le Verbe est créateur du monde, le Verbe est Dieu même. S’esquisse alors le
thème de la lutte entre la lumière et les ténèbres que l’on trouve dans des écrits
intertestamentaires comme ceux exhumés des grottes de Qumrân en 1947 puis dans
les textes gnostiques ultérieurs.
Et puis un jour
ce Verbe se fait chair et, dit Jean, il est venu habiter parmi nous. Mais d’emblée
Jean fait pressentir le drame à venir : « il vint chez lui et les
siens ne l’ont pas reçu ».
Pourtant, « ceux
qui l’ont reçu ont pouvoir de devenir enfants de Dieu ». Cette réception
fait sans doute autant allusion au service du prochain qu'à l'eucharistie.
Jean réaffirme
le pouvoir des mots dans le dernier passage : car le Dieu invisible du
judaïsme, c'est son Fils unique Jésus Christ, « qui est dans le sein du père », qui l’a raconté
et c’est lui que nous « lisons » dans son évangile.
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