« À cause de mon nom »

Le martyre de Saint-Étienne, Paolo Uccello, vers 1435

L’évangile du jour (Luc 21, 12-19)

 Mais, avant tout cela, on mettra la main sur vous, et l'on vous persécutera; on vous livrera aux synagogues, on vous jettera en prison, on vous mènera devant des rois et devant des gouverneurs, à cause de mon nom. Cela vous arrivera pour que vous serviez de témoignage. Mettez-vous donc dans l'esprit de ne pas préméditer votre défense ; car je vous donnerai une bouche et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront résister ou contredire. Vous serez livrés même par vos parents, par vos frères, par vos proches et par vos amis, et ils feront mourir plusieurs d'entre vous. Vous serez haïs de tous, à cause de mon nom. Mais il ne se perdra pas un cheveu de votre tête ; par votre persévérance vous sauverez vos âmes.

***

C’est la poursuite du discours que Jésus tient à ses disciples, juste avant d’entrer dans sa Passion. Il vient d’annoncer, dans le langage apocalyptique de son époque, des guerres, des tremblements de terre, des pestes et des famines et des « grands signes » venus du ciel, qui vont précéder la venue du Fils de l’homme. Auparavant, les disciples doivent s’attendre à des brimades et à des persécutions de toutes sortes. Cette prédiction de Jésus est sans doute l’écho et la traduction rédactionnelle des difficultés bien réelles, jusqu’au sang versé, que les premières communautés chrétiennes ont déjà traversées avec toutes sortes d’institutions judaïques et romaines au moment où l’évangile de Luc est écrit. C’est le même Luc qui met en scène dans les Actes des apôtres le jeune Saul en complice de la lapidation d’Etienne. « Saul, lui, était de ceux qui approuvaient ce meurtre » (Ac 8,1) avant qu’il ne soit « retourné » par le Christ sur le chemin de Damas pour devenir Paul, l’apôtre des païens.

« A cause de mon nom ». L’expression revient par deux fois dans ce court passage. Jésus, l’annonceur du Royaume va devenir Christ l’annoncé. C’est ce nom, synonyme de tant de ruptures, qui est la pierre d’achoppement, dans l’attente de devenir la clé de voûte, lorsque les bâtisseurs l’auront vue et comprise comme telle. L’essence de la résurrection est dans ce passage d’annonceur à annoncé, de Jésus à Christ qu’aucun trait d’union ne relie, en attendant les transitions suivantes : le Fils de l’homme puis l’Agneau de Dieu. Le Verbe unique, qui est « dans le sein du Père » dit le prologue de l’évangile de Jean, est l’opérateur de toutes ces métamorphoses, de ces avatars sémantiques, qui accompagnent le devenir de l’humanité et le destin de chaque être humain. Le Royaume rejeté se rouvre à qui le désire. « Heureux les invité.es au festin des noces de l’Agneau » peut-on entendre désormais à chaque messe. 


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Une foi par jour

« Ta parole est la vérité »

Talitha koum !