L'ouvrier de la dernière heure

La parabole des ouvriers de la vigne, Rembrandt, 1637, Musée de l'Ermitage


L’évangile du jour (Matthieu 20, 1-16, 25e dimanche du temps ordinaire)

En ce temps-là, Jésus disait cette parabole à ses disciples : « Le royaume des Cieux est comparable au maître d’un domaine qui sortit dès le matin afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne. Il se mit d’accord avec eux sur le salaire de la journée : un denier, c’est-à-dire une pièce d’argent, et il les envoya à sa vigne. Sorti vers neuf heures, il en vit d’autres qui étaient là, sur la place, sans rien faire. Et à ceux-là, il dit : “Allez à ma vigne, vous aussi, et je vous donnerai ce qui est juste.” Ils y allèrent. Il sortit de nouveau vers midi, puis vers trois heures, et fit de même. Vers cinq heures, il sortit encore, en trouva d’autres qui étaient là et leur dit : “Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, sans rien faire ?” Ils lui répondirent : “Parce que personne ne nous a embauchés.” Il leur dit : “Allez à ma vigne, vous aussi.”

Le soir venu, le maître de la vigne dit à son intendant : “Appelle les ouvriers et distribue le salaire, en commençant par les derniers pour finir par les premiers.” Ceux qui avaient commencé à cinq heures s’avancèrent et reçurent chacun une pièce d’un denier. Quand vint le tour des premiers, ils pensaient recevoir davantage, mais ils reçurent, eux aussi, chacun une pièce d’un denier. En la recevant, ils récriminaient contre le maître du domaine : “Ceux-là, les derniers venus, n’ont fait qu’une heure, et tu les traites à l’égal de nous, qui avons enduré le poids du jour et la chaleur !” Mais le maître répondit à l’un d’entre eux : “Mon ami, je ne suis pas injuste envers toi. N’as-tu pas été d’accord avec moi pour un denier ? Prends ce qui te revient, et va-t’en. Je veux donner au dernier venu autant qu’à toi : n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mes biens ? Ou alors ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ?”

C’est ainsi que les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers. »

***

On savait déjà que notre Père qui est aux cieux « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et fait pleuvoir sur les justes et les injustes » (Mt 5, 45). Il semble récidiver avec cette parabole qui voit le fameux « ouvrier de la dernière heure » gratifié à l’égal de ceux qui ont « enduré le poids du jour et de la chaleur ». C’est pô juste, pensons-nous, comme Titeuf. Nous méritons un meilleur salaire, une meilleure reconnaissance des efforts fournis, nous les « chrétiens de souche ». Quoique, à la réflexion, n’avons-nous pas eu que la peine de naître pour devenir chrétiens ? Les paraboles ne manquent pas qui suscitent ce (mauvais) sentiment si répandu : l’envie. Le frère ainé en veut beaucoup à son frère prodigue si bien accueilli par leur père, qui tue le veau gras pour ce vaurien. Et les 99 brebis abandonnées par le berger qui court à la recherche de l’unique brebis perdue, n’ont-elles pas envie de bêler de dépit elles aussi ? « Seuls les hommes perdus Le voyaient » chante Graeme Allwright, adaptant Suzanne, de Léonard Cohen.

Au Royaume des Cieux, tous les calculs mesquins des hommes, toutes les hiérarchies sont dissous dans l’amour de Dieu. Nous n’y sommes pas encore.


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