Le débiteur impitoyable

La parabole du débiteur impitoyable, Rembrandt, Louvre


 L’évangile du jour (Matthieu 18, 21-35)

En ce temps-là, Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 fois sept fois. Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent). Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette. Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.” Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette.

Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : “Rembourse ta dette !” Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai.” Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait. Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé. Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : “Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?” Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait.

C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. »

***

C’est la parabole dite du « débiteur impitoyable »

Nos fautes vis-à-vis d’autrui sont comme des dettes que nous aurions contractées à leur égard. La version matthéenne du Notre Père reprend d’ailleurs ces notions quasi-comptables de dette et de débiteur que l’on entendait encore dans la version latine : « et dimitte nobis debita nostra sicut et nos dimittimus debitoribus nostris ». La traduction en français s’en est éloignée, « pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés », plutôt sur le modèle lucanien qui mélange curieusement péché et dette : « remets-nous nos péchés (amartias) car nous-mêmes aussi remettons à quiconque nous doit ». Pour Luc, nous ne pouvons que solder les dettes de nos débiteurs quand Dieu, Lui, pardonne les péchés. Pierre pourtant parle d’un frère qui pèche (amartesei) contre lui, ce qui semble indiquer qu’entre frères on peut aussi se pardonner mutuellement les péchés. Quoiqu’il en soit dettes, fautes ou péchés, la leçon de la parabole est limpide : il nous appartient d’être miséricordieux avec nos frères et sœurs comme Dieu sait l’être  - infiniment plus - avec nous.


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