La lampe allumée
L’évangile du jour est court (Luc 8, 16-18) :
En ce temps-là, Jésus disait aux foules : « Personne, ayant allumé une lampe, ne la couvre d’un vase ou ne la met sous le lit ; mais il la met sur un lampadaire afin que ceux qui entrent voient la lumière. Car rien n’est caché qui ne devienne manifesté ; rien n’est dissimulé qui ne doive être connu et venir à être manifesté.
Faites attention à la manière dont vous écoutez. Car à celui qui aurait, il lui sera donné ; et à celui qui n’aurait pas, même ce qu’il croit avoir lui sera enlevé. » (traduction synopse Benoît-Boismard)
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Le thème de la lumière est central dans l’évangile de Jean, dont il illumine le prologue. Au commencement était le logos, que les Français ont traduit par Verbe, translittéré du latin verbum, plus sophistiqué que le Wort allemand ou le word anglais. Ce Verbe, en s’incarnant, est devenu « la vraie lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde » (Jn 1, 9). C’est le même thème chez Luc. Ici, la lumière n’importe pas en tant qu’elle éclaire les choses, mais en elle-même. « Ceux qui entrent » sont ceux qui accèdent au Royaume des Cieux. Et ils savent en retour qu’ils y sont quand ils aperçoivent la lumière, le Christ. Il s’agit d’abord de voir la lumière, de reconnaître la « vraie lumière » précise Jean car c’est sous cette lumière et elle seule que tout ce qui est caché, dissimulé va être connu et manifesté. C’est à sa puissance révélatrice que nous pouvons identifier la « vraie lumière ».
C’est cette puissance qu’il convient non seulement de voir mais d’écouter, mais pas n’importe comment : de sorte à l’accueillir et d’être celui qui aurait, plutôt que celui qui n’aurait pas. Ce passage de Luc se termine en effet par un avertissement qui prend une fois de plus la forme d’un de ces paradoxes qui essaiment leur étrangeté dans les évangiles, ici comme une sorte de « on ne prête qu’aux riches ». Dans Luc, la même sentence conclut la parabole des mines (Lc 19, 11-26), parallèle à celle des talents dans Matthieu (Mt 25, 14-30) : « Je vous le dis, à tout homme qui a l’on donnera, mais à tout homme qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il a », comme pour illustrer les déboires de celui qui n’aurait pas voulu faire fructifier le bien de son maître, par peur de lui.
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